En dépit d'une légère amélioration dans certains critères d'évaluation du climat des affaires, l'investissement en Algérie est toujours otage de plusieurs contraintes. C'est le constat que fait le nouveau rapport de la Banque Mondiale rendu public mercredi dernier. Sous l'intitulé « la pratique des affaires en 2005 : éliminer les obstacles à la croissance », ce deuxième rapport du genre de l'institution de Bretton Woods relève que le nombre de procédures pour la création d'une entreprise en Algérie reste élevé et exige beaucoup plus de temps d'argent. Les conditions de démarrage d'un projet d'investissement en Algérie nécessitent, souligne le rapport, « 26 jours, 14 procédures, un coût correspondant à 27,3% du revenu par habitant et un capital minimal représentant 65,5% du revenu par habitant ». Le démarrage d'une entreprise dans les pays industrialisés nécessite en moyenne 27 jours, 6 procédures et un coût équivalent à 8% du revenu par tête d'habitant. Quant aux pays en développement, la création d'une entreprise nécessite en moyenne 59 jours, 11 procédures et un coût correspondant à 122 % du revenu par habitant. Pour l'enregistrement de la propriété, autrement dit les formalités pour le transfert des titres de propriété entre le vendeur et l'acheteur, le rapport indique qu'en Algérie, le nombre de procédures est de 16 s'étendant sur une durée de 52 jours pour un coût correspondant à 9% de la valeur de l'objet d'investissement. « Si une seule démarche suffit en Norvège pour enregistrer un titre de propriété, pourquoi en faut-il 16 en Algérie ? », s'interroge la Banque mondiale. Pour l'obtention des crédits, l'indice des droits de l'emprunteur et du créditeur est évalué à 3 en Algérie sur une échelle de 10. Les contrats sont, note la BM, complexes et nécessitent pour leur réalisation 49 procédures, 407 jours et un coût de 28,7 % du coût de la dette contractée. Dans le cas où une entreprise algérienne tombe en faillite, la Banque mondiale souligne que la procédure de dissolution dure 3,5 années. Quant au créancier de l'entreprise, la BM indique qu'en Algérie, il a la possibilité de récupérer ses créances à raison de « 37 cents sur l'équivalent d'un dollar prêté ». Dans une partie de son rapport où elle fait une comparaison entre les pays de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient (région MENA), la Banque mondiale souligne que l'Algérie, le Maroc, le Yémen et la Jordanie sont les pays qui ont fait un progrès considérable pour la réduction du délai des procédures pour la création d'une entreprise. Concernant le montant du capital requis pour réaliser un investissement, la BM souligne que six pays de la région MENA figurent parmi les 10 premiers pays au monde qui exigent de l'investisseur le montant minimal le plus élevé. Il s'agit de la Jordanie, Maroc, Egypte, Arabie Saoudite, Yémen et de la Syrie. La Banque mondiale considère qu'un montant élevé du capital est un des facteurs qui freine les investissements. En comparant la performance et les réformes de la réglementation dans 145 pays, l'étude constate qu'il est deux fois plus difficile pour un entrepreneur d'un pays en développement de créer, faire opérer ou fermer une entreprise que dans un pays riche à cause des procédures administratives. De plus, comparé aux pays riches, les pays pauvres offrent à peine la moitié des protections en matière de droits à la propriété privée.