La présence au sein du parti de plusieurs groupes divergents en termes de vision politique, notamment de la ligne qu'il doit adopter, constitue, certes, une diversité naturelle, mais aussi et surtout une fragilité qui mine le plus vieux parti de l'opposition. Réplique de la secousse électorale ? Pour sa première session après les élections locales du 27 novembre passé qui devait avoir lieu avant-hier, le conseil national du Front des forces socialistes n'a pas pu se tenir faute de quorum. Inédit dans les annales du parti. Sur la centaine de membres que compte le "parlement" du plus vieux parti d'opposition, seule une quarantaine ont fait le déplacement à Souidani-Boudjemâa. Si la direction nationale du FFS n'a pas jugé utile de commenter cet ajournement pour cause de quorum, pour un bon nombre de ses militants et de ses cadres, tout comme pour les observateurs extérieurs au parti, il est, en revanche, révélateur de la persistance de la crise interne qui couve depuis plusieurs années déjà au sein de la maison du FFS. Une crise interne dont l'instance présidentielle continue de réfuter l'existence, mais dont les signes sont à vrai dire aussi multiples que vérifiables. Pour certains membres du conseil national que nous avons pu contacter hier, la non-tenue de cette session du conseil national du parti "n'est que la traduction du malaise interne né d'un cumul de déception". "Cette absence de quorum a été, en quelque sorte, provoquée pour exprimer un mécontentement quant à la gestion du parti. Beaucoup au sein du FFS aspirent aujourd'hui à un changement", nous a expliqué un cadre du FFS qui a requis l'anonymat. Pour un autre cadre du FFS, c'est surtout ce que cache l'ordre du jour de cette session qui aurait posé problème à la plupart des absents à ce conseil national. Par "situation politique" sur laquelle devait discuter l'instance délibérante, il serait question, dit-il, de la position que le parti devrait prendre au sujet des sénatoriales. "Après avoir boycotté les élections de la Chambre basse du Parlement, il est difficile de convaincre même en interne, de la participation à celles de la Chambre haute du même Parlement. C'est une question de cohérence politique", soutient notre interlocuteur, soulignant que nombreux sont à présent les membres du conseil national qui soupçonnent justement chez des membres de l'instance présidentielle du parti une volonté de participer à cette échéance fixée au 5 février prochain. À présent que la session est reportée, certains membres du conseil national parlent désormais d'une "nouvelle fracture" et disent même présager "d'opérer un forcing lors de la session du 8 janvier". Ce qui n'est pas sans risque de voir la situation interne au parti se compliquer davantage. À ce titre, nos interlocuteurs rappellent, en premier lieu, que déjà, la présence au sein du parti de plusieurs groupes divergents en termes de vision politique, notamment de la ligne que le parti doit adopter, constitue, certes, une diversité naturelle, mais aussi et surtout une fragilité qui mine le parti. Pas seulement. Le choix fait par le FFS de participer aux élections locales du 27 novembre dernier n'a pas été sans créer des remous, d'autant qu'une partie de sa base militante a refusé de cautionner. Une participation qui semble également avoir fait des déçus même au sein du conseil national du parti où, à en croire certains échos, "la réussite aux élections" déclarée par l'instance présidentielle ne semble pas faire l'unanimité. "Les déçus des dernières élections risquent à présent de peser dans le rapport de force interne", analyse notre interlocuteur. Ce qui, d'ores et déjà, fait craindre un retour à la case départ et de voir s'éloigner la réunion des conditions nécessaires à la tenue du sixième congrès ordinaire du FFS. Pour rappel, ce sixième congrès a été initialement annoncé pour la dernière semaine de septembre avant d'être reporté "à une date ultérieure". Si à son annonce, ce report a été justifié par la crise sanitaire qui, selon Hakim Belahcel, a "arrêté net, l'élan de travail, vu l'impossibilité de réunir les militants, et donc, de parachever le processus de restructuration organique du parti", une éventuelle accentuation de la crise interne ne sera, sans doute, pas sans hypothéquer davantage sa tenue.