Mis sous pression au Congrès quant aux mauvais traitements sur des prisonniers, d'après des révélations sur l'existence de prisons secrètes en Europe de l'Est, Bush, qui a démenti la pratique de la torture dans son pays vient de recevoir le soutien du Pentagone dans sa défense de la CIA autorisée à mener des interrogatoires, selon ses propres méthodes. Le Pentagone a, en effet, adopté une nouvelle directive sur les interrogatoires de prisonniers par les soldats américains, selon le quotidien New York Times, qui doivent avoir été approuvés au plus haut niveau dans la hiérarchie militaire. Les tortures dans les prisons où sont détenus des terroristes présumés, refait la Une de l'actualité aux Etats-Unis, après des informations selon lesquelles la CIA gèrerait des prisons secrètes, à l'étranger, notamment en Europe de l'Est. Des sénateurs, démocrates comme républicains, se sont emparés du dossier pour réclamer une clarification sur les pratiques dans les prisons et les méthodes d'interrogations et demander l'adoption définitive d'un texte interdisant explicitement l'exercice de la torture. Le sénateur républicain John McCain, qui veut briguer la présidence en 2008, a fait adopter par le Sénat un amendement qui interdit les traitements cruels, inhumains et dégradants. Ancien prisonnier de guerre au Viêt-nam, le premier candidat à la succession de Bush précise qu'il était pour lui hors de question d'exempter la CIA des règles interdisant la torture, comme le suggère la Maison-Blanche. La politique américaine sur l'interrogation de prisonniers soupçonnés d'être des terroristes permet de couvrir légalement les agissements des agents de la CIA en cas de torture et même de mort des détenus, comme cela a été révélé par les scandales dans la prison d'Abou Ghraib en Irak. Outre les centres de détention des bases militaires de Guantanamo à Cuba, d'Irak et d'Afghanistan, le quotidien américain Washington Post affirme que la CIA détient des terroristes d'Al-Qaïda dans des prisons secrètes en Europe de l'Est et en Thaïlande. La CIA aurait envoyé plus de 100 suspects dans ce réseau secret de prisons, surnommées “sites noirs”. Le colonel Laurence Wilkerson, directeur de cabinet de l'ancien secrétaire d'Etat Colin Powell a confirmé la pratique de la torture autorisée par des directives adressées au département de la Défense par les collaborateurs du vice-président Dick Cheney. De nombreuses organisations internationales et associations de défense des droits de l'Homme dénoncent depuis plusieurs années le non-respect par Washington des conventions de Genève. Le rapporteur spécial de l'Onu sur la torture a pressé l'UE d'enquêter sur cette question de prisons secrètes américaines en Europe. Human Rights Watch est convaincue que ces centres existent, au moins, en Pologne et en Roumanie. D. Bouatta