Aveu n Bush a admis pour la première fois, hier, que la CIA détenait et interrogeait des membres importants d'Al-Qaîda dans des prisons secrètes à l'étranger, mais n'a signalé aucune intention de les fermer, malgré la réprobation internationale. Le président américain a annoncé, hier, que 14 hommes, parmi lesquels le cerveau présumé des attentats du 11 septembre, avaient été transférés au camp de Guantanamo pour être jugés par des tribunaux militaires quand une nouvelle législation le permettra. Avec ces transferts, les prisons dans lesquelles ils étaient enfermés sont vides, a indiqué l'administration. La révélation en 2005 par le quotidien Washington Post de l'existence de ces prisons secrètes, avait suscité une vive émotion internationale et ajouté au soupçon déjà répandu qu'au nom de la lutte contre le terrorisme, Washington se livrait à des pratiques condamnables, jusqu'à la torture. En mai, le comité de l'ONU contre la torture a appelé les Etats-Unis à fermer toute prison secrète à l'étranger. Le Conseil de l'Europe a mené l'enquête et a conclu qu'une vingtaine de pays, surtout européens, abritaient de telles prisons. Washington a autorisé l'accès de la Croix-Rouge à Guantanamo, autre objet de controverse, mais pas aux prisons secrètes. «Je veux signifier tout à fait clairement à nos compatriotes et au monde : les Etats-Unis ne pratiquent pas la torture (...) Je ne l'ai pas autorisée et je ne l'autoriserai pas», a dit M. Bush mercredi. Cependant, il a reconnu que la CIA avait eu recours à un «type de procédures alternatives» et que ces procédures étaient «rudes». Mais, a-t-il dit, elles étaient «légales et nécessaires». L'administration a refusé de dire quelles étaient les méthodes utilisées, se réservant la possibilité de les mettre à nouveau en pratique. M. Bush a simplement assuré que le «programme» avait été autorisé par la justice et que quelques membres du Congrès, rigoureusement sélectionnés, avaient été mis dans la confidence. L'administration a aussi refusé de dire où se trouvaient les centres secrets. Moins de 100 prisonniers y ont été détenus, a dit un responsable du renseignement, réfutant qu'ils aient été des milliers. Selon lui, le programme «ne s'applique qu'aux terroristes les plus dangereux, ceux dont on pense qu'ils ont les informations les plus précieuses, y compris les informations sur des menaces imminentes». La CIA estime qu'environ «50% de ce qu'elle sait d'Al-Qaîda provient du débriefing de détenus». Ceux qui procèdent aux interrogatoires ont 43 ans en moyenne, sont tous volontaires, ont été triés sur le volet pour supporter un «environnement à fort stress» et reçoivent 250 heures de formation spécifique avant de se retrouver face à un suspect, selon le responsable.