Plus qu'un simple habit, le burnous, un patrimoine ancestral, est porteur d'une symbolique, caractéristique particulièrement de l'Afrique du Nord. Le comité de village d'Ath Dahmane, dans la commune d'Assi-Youcef, dans la région de Boghni, a organisé ce week-end la deuxième édition du Festival du burnous, qui a été dédiée au regretté Halli Ali, l'auteur compositeur de la célèbre chanson Yedjayid jeddi avarnous (Mon grand-père m'a légué un burnous en héritage), décédé en 2017. Abritée par le siège du comité et les rues du village, cette deuxième édition s'étale sur une durée de trois jours, soit du 20 au 22 janvier. Juste après l'ouverture des activités, les organisateurs ont pris la parole pour souligner l'importance et les objectifs de ce festival qui est, ont-ils considéré, "un rendez-vous pour sauver cet habit ancestral à haute symbolique de la disparition". Pas moins de 32 exposants ont répondu à l'invitation du comité pour exposer des objets du terroir. Il y avait entre autres la robe kabyle, le bijou traditionnel d'Ath Yenni, de la poterie, des objets en argent, des produits locaux et des gâteaux traditionnels, mais le burnous était tout naturellement le produit le plus dominant. "À vrai dire, depuis que je suis enfant, j'ai roulé dans la laine. Mais c'est en 2009 que j'ai lancé mon propre atelier. Il est vrai que sauvegarder le burnous est mon objectif, mais il faut dire quand même que son prix est dérisoire par rapport au temps qu'il me prend. Cinq mois de travail pour seulement cinquante mille dinars, sans compter bien sûr la matière qui coûte de plus en plus cher", nous a expliqué Mme Fatima Amran, l'une des tisseuses du burnous à Ath Voughardane, rencontrée sur place. Dans l'après-midi du jeudi, MM. Halli Amar et Halli Hocine ont animé une conférence sous le thème "Chachnaq, le pharaon" devant une assistance nombreuse. Pour le deuxième jour, outre la poursuite des expositions en plein air, il y eut un recueillement sur la tombe du défunt Ali Halli, avec le dépôt d'une gerbe de fleurs suivi de la chorale d'artistes de la localité qui a entonné quelques chansons du répertoire de cette icône de la chanson kabyle. Ensuite, les organisateurs ont honoré une vingtaine de sportifs de la localité qui se sont distingués dans des compétitions nationales où ils ont décroché des médailles d'or. Les activités se sont poursuivies avec une vente-dédicace de Halli Amar, de Salem Amrane et d'Achour Youcef, puis avec une conférence animée conjointement par le Dr Saïd Chemakh, Laceb Djamel et le Dr Boukhalfa Laouari, sous le thème "Abernous ou l'héritage culturel à préserver". Le troisième jour de ce festival a été consacré à la remise du prix "Halli-Ali" et des diplômes aux participants. "Ce festival a pour objectif de ne pas oublier notre grand chanteur Halli Ali, qui est connu pour sa modestie, son répertoire musical de haute facture et surtout son engagement dans toutes les activités culturelles du village, mais aussi et surtout de sauvegarder de la disparition le burnous, ce vêtement ancestral qui constitue un symbole culturel. N'était cette maudite pandémie qui a tout plombé, nous aurions initié des ateliers de formation dans le tissage du burnous afin de faire apprendre le tissage de cet habit traditionnel à nos jeunes filles", dira M. Ahcène Idja, membre du comité de village et initiateur de ce festival, en marge de cette manifestation culturelle. À rappeler que le prix Halli-Ali de la première édition avait décerné au réalisateur Ali Mouzaoui.