Au moment où les Etats-Unis tentaient de mettre la pression pour restaurer le gouvernement civil, les Soudanais sont descendus encore une fois dans la rue pour rendre hommage aux victimes de la répression. Et la répression était encore une fois au rendez-vous. Pour les Etats-Unis, il n'est pas encore temps de débloquer l'aide au Soudan. Elle demeure suspendue jusqu'à la restauration d'un gouvernement civil. Ce que la junte militaire au pouvoir continue de refuser. Les Etats-Unis ont indiqué ce jeudi qu'ils ne reprendraient pas l'aide suspendue au Soudan sans la fin de la violence et la restauration d'un gouvernement dirigé par des civils, a écrit l'ambassade des Etats-Unis à Khartoum dans un communiqué. La secrétaire d'Etat adjointe aux affaires africaines, Molly Phee, et l'envoyé spécial des Etats-Unis pour la Corne de l'Afrique, David Satterfield, ont rencontré jeudi les différentes parties à la crise politique au Soudan, indique le communiqué. "Lors des réunions avec un large éventail de représentants de la société civile soudanaise, Mme Phee et M. Satterfield ont partagé la profonde inquiétude du peuple soudanais face à la déstabilisation de la transition démocratique", a indiqué l'ambassade. Les deux représentants des Etats-Unis ont fermement condamné "l'utilisation d'une force disproportionnée contre les manifestants", a écrit l'ambassade, tout en appelant à des enquêtes transparentes et indépendantes sur les morts et les blessés lors des incidents. Plus de 70 personnes ont été tuées, des centaines de blessés et des femmes ont été violées lors des manifestations pacifiques à Khartoum et dans les grandes villes du pays. Les émissaires américains ont clairement indiqué que les Etats-Unis envisageraient des mesures visant à tenir pour responsables ceux qui ont entravé la réalisation de ces objectifs, selon le communiqué. Mme Phee et M. Satterfield ont également insisté sur la levée de l'état d'urgence, qui constitue une mesure de confiance importante, ajoute le communiqué. Les deux émissaires américains ont approuvé le processus politique récemment lancé par les Soudanais et favorisé par la Mission intégrée des Nations unies pour l'assistance à la transition au Soudan (Minuats). Ce processus est le moyen d'aider les parties prenantes soudanaises à identifier une voie commune pour sortir de l'impasse politique, ont-ils souligné. Jeudi, des milliers de manifestants ont défilé à Khartoum pour une journée d'"hommage aux martyrs", alors que la liste des victimes de la répression ne cesse de s'allonger au Soudan où le pouvoir militaire a renforcé son emprise avec le putsch d'octobre. Dans différents quartiers de Khartoum, ils ont défilé aux cris de "les militaires à la caserne !", alors que, selon des médecins, 72 manifestants ont été tués, pour beaucoup par balles, depuis le coup d'Etat du 25 octobre. La police, elle, assure qu'un de ses généraux a été poignardé à mort par des manifestants. Comme d'habitude à chaque manifestation, les forces de sécurité ont tiré jeudi des grenades lacrymogènes à Omdurman, banlieue nord-ouest de Khartoum, ont indiqué des témoins, alors que des milliers de manifestants défilent en "hommage aux martyrs" de la répression des anti-coup d'Etat.