Le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra mercredi une réunion informelle sur les derniers développements au Soudan, alors que la mobilisation contre le pouvoir militaire s'y poursuit, a-t-on appris vendredi de sources diplomatiques. Cette session se tiendra à huis clos. Selon les mêmes sources, elle a été demandée par six des 15 pays membres du Conseil: les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Norvège, l'Irlande et l'Albanie. Une position commune du Conseil sur le Soudan «n'est pas attendue, la Chine et la Russie s'y opposeront», indique un diplomate sous couvert de l'anonymat. Dans le passé, ces deux pays ont souvent souligné que la situation au Soudan relevait des affaires internes du pays et ne menaçait pas la sécurité internationale. La réunion permettra à l'émissaire de l'ONU au Soudan, Volker Perthes, d'informer les membres du Conseil de la situation dans le pays depuis la démission dimanche du Premier ministre Abdallah Hamdok, selon des diplomates. Ce dernier était le visage civil de la transition lancée après l'éviction en 2019 du général Omar el-Béchir par l'armée sous la pression de la rue, et la crainte est désormais vive d'un retour à la dictature. Mardi, les Etats-Unis, l'Union européenne, le Royaume-Uni et la Norvège ont exhorté les militaires soudanais à ne pas nommer unilatéralement un nouveau chef du gouvernement. Jeudi, trois manifestants ont été tués par balles dans la capitale Khartoum et sa banlieue où, comme dans le reste du pays, des milliers de Soudanais se sont de nouveau rassemblés pour protester contre le pouvoir militaire et réclamer un pouvoir entièrement civil, selon des médecins et des témoins. Deux autres victimes ont été annoncées lors des rassemblements de vendredi dernier. Au total, depuis le coup d'Etat mené par le général Abdel Fattah al-Burhane le 25 octobre 2021, la répression des manifestations contre l'armée a fait 60 morts et des centaines de blessés, selon le Comité central des médecins, une association indépendante. Par ailleurs, le Canada a «déploré», mercredi, la démission du Premier ministre du Soudan, Abdallah Hamdok, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères canadien qui déclare que «le Canada déplore la démission du Premier ministre du Soudan, Abdallah Hamdok, et salue les efforts qu'il a déployés durant les premières années de la transition démocratique dans ce pays». «Le Canada appelle toutes les parties à travailler pour atteindre l'objectif commun de remettre la transition sur les rails», poursuit le texte. Le ministère a ajouté que «les gains réalisés depuis la révolution soudanaise ne doivent pas être perdus», précisant que «le Canada est solidaire du peuple soudanais et il appuie son droit à la liberté d'expression et son droit de réunion pacifique». La diplomatie canadienne tient à rappeler que «les autorités soudanaises ne doivent pas se soustraire à leurs responsabilités envers leurs concitoyens». Le Canada appelle à «une reprise rapide de la transition démocratique et à la cessation immédiate de toutes formes de violence contre les manifestants et soutient le peuple soudanais dans sa quête de liberté, de paix et de justice», conclut le texte. L'annonce de la démission de Hamdok est intervenue il y a une semaine, quelques heures après des protestations qui ont secoué la capitale Khartoum, réclamant le rétablissement d'un pouvoir civil.