La mission d'information parlementaire sur les pénuries rendra ses conclusions la semaine prochaine. En attendant, son président, Smaïl Kouadria, pointe du doigt les mesures prises par le ministère du Commerce. La commission d'enquête parlementaire sur la pénurie de produits de large consommation vient d'achever son programme de visites des wilayas touchées par ce phénomène. Le rapport est en principe prêt. Sa finalisation est prévue pour la semaine prochaine. C'est ce qu'a confié à Liberté le président de cette commission, Ismaïl Kouadria. Ayant contracté la Covid-19, plusieurs membres de cette commission ont été contraints de rentrer chez eux. Ce qui a obligé M. Kouadria à reporter la réunion à la semaine prochaine afin de fignoler le compte rendu. Outre la remise de ce rapport à qui de droit, les éléments composant ce groupe de travail animeront, selon M. Kouadria, une conférence de presse où ils expliqueront le contenu de ce document. Interrogé à ce propos, le président de la commission des affaires économiques et commerciales à l'Assemblée nationale estime que la "responsabilité est partagée". Si l'on se fie à la déclaration du député, l'on serait tenté de dire que les directions du commerce de wilaya et les commerçants sont tous responsables de cette crise qui a touché l'huile de table à travers le territoire national. La délégation parlementaire est allée à la rencontre des grossistes, des distributeurs, des détaillants et a visité des usines de production dans plusieurs wilayas. Ses membres ont écouté ces acteurs du marché et enregistré leurs doléances. "À la lumière de nos discussions avec toute cette corporation, nous avons constaté un manque flagrant de communication et de sensibilisation dans ce créneau d'activité", avoue Ismail Kouadria. Les membres de cette commission ont également pu mesurer le degré de "mécontentement" des citoyens rencontrés sur les lieux. Les ménages assistent, impuissants, à des pénuries d'huile de table, voire à d'autres produits de large consommation. En plus des perturbations dans l'approvisionnement du marché, les consommateurs font face, ces derniers jours, à une flambée injustifiée des prix d'innombrables produits alimentaires à cause des taxes introduites par la loi de finances 2022. Certains produits ont connu une hausse de 100%. Autant de difficultés auxquelles sont confrontés au quotidien les citoyens aux petites bourses. "La crise qui a touché l'huile de table va à coup sûr se propager pour cibler d'autres produits notamment le pain, le lait...", affirme notre interlocuteur. Certains observateurs très au fait su secteur du commerce soutiennent mordicus que le département de Kamel Rezig est à l'origine de cette situation. Les mesures intempestives et improvisées prises par la tutelle ont engendré, relèvent-ils, de sérieux dysfonctionnements dans le secteur. L'on peut citer l'exemple de la sanction sous forme de peine maximale allant jusqu'à 30 ans d'emprisonnement et la réclusion à perpétuité contre les personnes coupables d'actes classés "criminels" dans la spéculation, introduite dans le code pénal, qui ont suscité les appréhensions de tous les intervenants sur les espaces commerciaux et bloqué leurs activités. Ceci a accentué la crise puisque de nombreux commerçants ont préféré suspendre ou abandonner carrément leur activité de peur de se retrouver du jour au lendemain derrière les barreaux. La lutte contre le fléau du monopole et de la spéculation constitue, certes, une mission salvatrice mais nécessite un travail de longue haleine. Le ministère est tenu de réguler le marché dans tous ses créneaux en déclarant la guerre aux spéculateurs et aux fraudeurs, d'assurer un approvisionnement régulier du marché et de préserver à la fois les droits des commerçants honnêtes et le pouvoir d'achat des consommateurs.