Si la Russie tente la détente, le président américain Joe Biden maintient la pression sur Vladimir Poutine quand bien même celui-ci rassurerait quant à la nécessité d'une désescalade. Plus grave encore, au moment où Vladimir Poutine s'accorde avec son homologue français Emmanuel Macron pour la poursuite du dialogue sur la crise ukrainienne, Biden annonce l'envoi de troupes dans les pays de l'Est. La conversation téléphonique entre les deux dirigeants, Poutine et Macron, a "permis de s'entendre sur la nécessité d'une désescalade", a déclaré l'Elysée. "Le président Poutine n'a exprimé aucune intention offensive (...). Il a dit très clairement qu'il ne cherchait pas la confrontation." Sur la sécurité stratégique en Europe, les deux chefs d'Etat "se sont mis d'accord sur la poursuite du dialogue qui va nécessiter que les Européens (...) soient bien partie prenante de ce dialogue" qui engage en premier lieu les Etats-Unis et l'Otan. Sur le conflit dans l'est de l'Ukraine, où des séparatistes prorusses s'opposent depuis 2014 à Kiev, le président Poutine a lui-même insisté sur le format existant de pourparlers (dit de Normandie) qui rassemble la Russie, l'Ukraine, l'Allemagne et la France et vise à la mise en œuvre des accords de paix de Minsk de 2015, selon un communiqué du Kremlin. Opportunité pour Macron de rattraper le coup et de remettre l'Union européenne dans le débat sur cette crise ; débat "circonscrit" aux Etats-Unis et l'Otan avec la Russie. Cela d'autant plus que ces deux "interlocuteurs", USA et Otan, rejettent les mesures réclamées par Moscou et continuent de faire pression et de provoquer la Russie. Les chefs militaires américains plaident dans leur analyse pour le contraire sans se mettre en porte à faux avec le président Biden. Ils excluent une attaque d'envergure de la Russie contre l'Ukraine ou son invasion considérant qu'un conflit "n'est pas inéluctable". "Vu le type des forces qui sont déployées, les forces terrestres, l'artillerie, les missiles balistiques, l'armée de l'air (...) vous pouvez imaginer à quoi cela pourrait ressembler dans les zones urbaines denses", a averti vendredi le chef d'état-major, le général Mark Milley, prévoyant "un nombre important de victimes" en cas d'offensive. "Ce serait épouvantable, ce serait terrible", a-t-il souligné lors d'une rare conférence de presse. "Et ce n'est pas nécessaire. Nous pensons que la solution est diplomatique." Plus de 100 000 soldats russes sont déployés à la frontière ukrainienne depuis fin 2021, signe pour Washington qu'une invasion pourrait être imminente. "Et si une guerre devait éclater à l'échelle qui est aujourd'hui possible, la population civile souffrirait terriblement", a ajouté le plus haut gradé américain. "Nous encourageons fortement la Russie à se retirer. La force armée devrait toujours être le dernier ressort." Le ministre de la Défense a estimé que le président russe Vladimir Poutine n'avait pas encore "pris la décision d'utiliser ces forces contre l'Ukraine". Mais "il en a maintenant clairement la possibilité", a-t-il ajouté. "Et il a de nombreuses options, y compris la prise de grandes villes et de larges territoires." Le chef du Pentagone a souligné qu'il n'y avait "aucune raison" que cette situation dégénère nécessairement en un conflit. Des pays d'Europe membres de l'Otan ont pourtant commencé à envoyer du matériel militaire et des avions pour soutenir l'Ukraine en cas d'attaque russe.