Le phénomène des constructions illicites a pris des proportions alarmantes ces dernières années dans la wilaya de Béjaïa. Près d'un millier d'arrêtés de démomition n'ont pas été exécutés. Au chef-lieu de wilaya, les cas de constructions irrégulières – érigées sans permis ou en méconnaissance des règles fixées – ne sont pas anecdotiques. Enquête. S'il est vrai que les constructions poussent comme des champignons sur le territoire de la wilaya, elles sont plus visibles dans les stations balnéaires et au niveau du chef-lieu de wilaya notamment sur la côte ouest de Béjaïa et sur le plateau de Sidi-Boudrahem. Tout le monde a pointé du doigt l'absence des autorités, ce qui a encouragé ces comportements, jugés "outranciers chez un certain nombre de citoyens, qui persistent dans l'atteinte au patrimoine foncier communal. Il faut une volonté politique pour s'attaquer à ce lourd dossier", a déclaré Boualem Chouali, qui a eu à se pencher sur ce dossier lors du précédent mandat en tant que vice-président à l'APC de Béjaïa. "J'en parle en connaissance de cause. Sans volonté politique, on ne pourra pas se pencher sérieusement sur ce phénomène, qui ne peut être traité au niveau d'une collectivité aussi importante que l'APC de Béjaïa. La commune n'est qu'un maillon dans une chaine qui englobe la justice, les services de sécurités et les autorités de wilaya. Car en matière de constructions illicites, on a à faire à une véritable mafia. Et bien organisée", explique-t-il. Pas plus tard qu'hier, révèle Boualem Chouali, il y a eu "une bagarre en bandes rivales au niveau de Boulimat, qui se disputent les terrains privés et des terrains de l'Etat". Pourtant, poursuit-il, "il y a un arsenal juridique, qui peut mettre un terme à ce phénomène. Mais les textes, c'est une chose, la pratique en est une autre." Il faut savoir que durant le précédent mandat, enchaîne-t-il, "la commission travaux et aménagement avait prescrit plus de 200 arrêtés de démolition. Aucun n'y a été suivi d'effet. L'histoire de l'exécution des arrêtés, c'est une chaîne, comme je l'ai dit ci-dessus". Hamid Achour, un autre ex-vice-président de l'APC du chef-lieu a confirmé, de son côté, qu'il y a eu "durant le mandat 2012-2017, plus de 390 arrêtés de démolition pris par le chef de l'exécutif communal pour les constructions illicites érigées au niveau du plateau de Sidi-Boudrahem". Près d'un millier d'arrêtés non exécutés Là où le bât blesse, c'est que plusieurs de ces arrêtés n'ont pas été exécutés pour la bonne et simple raison que les parties sont toujours en justice. "Comme l'affaire est toujours pendante en justice, ils n'ont pas été exécutés." Un ancien cadre de l'APC indique, sous le sceau de l'anonymat, qu'en 2019, il y a eu "une tentative de démolition au niveau de Sidi-Boudrahem, mais seules cinq maisonnettes ont été démolies". Notre interlocuteur a confirmé que près d'un millier d'arrêtés de démolition, pris depuis 2008, n'ont jamais été exécutés. Et c'est pour cette raison que plusieurs maires de Béjaïa ont été entendus par la justice. Une immense clôture en dur sur le domaine maritime, entre Boulimat et Achvaz, a été démolie avant-hier, a déclaré à Liberté le vice-président chargé du tourisme, de la pêche et de l'artisanat, Farouk Kharfallah. "On a fait une visite sur les lieux en compagnie du chef de brigade de la gendarmerie et du responsable de la direction des travaux publics. On a constaté qu'il y avait une clôture qui n'était pas réglementaire. On a instruit le contrevenant, un particulier, d'arrêter les travaux et de démolir le mur de 1,80 m. Et de ne laisser qu'un muret d'un mètre. Il a été coopératif." Il a construit cette clôture sans permis, a ajouté M. Kharfallah. Il faut savoir que la procédure administrative est toujours en cours. "On a réagi pour stopper les travaux. Et on a exigé de lui de clôturer le reste avec un grillage normal afin de permettre aux Béjaouis et aux estivants de contempler la mer", explique notre interlocuteur.