L'Afrique a failli améliorer son sinistre palmarès en matière de putschs avec la tentative, avant-hier, de renverser le président de la Guinée-Bissau. Triste tableau pour le continent qui a vu une série de coups d'Etat entre 2021 et 2022. Des hommes en armes se sont introduits dans le complexe du palais du gouvernement où étaient présents le président et le chef du gouvernement, Nuno Gomes Nabiam, pour un conseil extraordinaire des ministres. Le président Umaro Sissoco Embalo, 49 ans, a affirmé mardi à plusieurs médias que des tirs avaient duré cinq heures et qu'il y avait "beaucoup de morts". Il a ajouté qu'"ils sont le fait d'éléments isolés". Il a déclaré ensuite sur son compte twitter que "la situation est sous contrôle gouvernemental". Hier le calme est revenu dans la capitale. Plusieurs responsables civils et militaires ont été arrêtés suite à cette tentative de coup d'Etat contre le président Embalo, un ancien général au pouvoir depuis 2020. Le chef de l'Etat n'a pas cité les auteurs de cette tentative, mais a précisé de celle-ci "doit venir de ceux qui sont contre les décisions que j'ai prises, notamment dans la lutte contre le trafic de drogue et la corruption", a-t-il dit, parlant d'"acte très bien préparé et organisé", mais aussi d'acte "isolé". La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), dont les dirigeants doivent se réunir jeudi à Accra pour discuter notamment du Burkina, a condamné "cette tentative de coup d'Etat". Le président de la commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a exprimé sa "grande inquiétude". De son côté, l'Union africaine (UA) s'est dite très inquiète de la "tentative de coup d'Etat" en Guinée-Bissau. La Guinée-Bissau, petite nation d'environ deux millions d'habitants, frontalière du Sénégal et de la Guinée, est abonnée aux coups de force. Depuis son indépendance du Portugal en 1974, elle a connu quatre putschs (le dernier en 2012), une kyrielle de tentatives de coup d'Etat et une valse de gouvernements. Depuis 2014, elle s'est engagée vers un retour à l'ordre constitutionnel, ce qui ne l'a pas préservée des turbulences. Le pays pâtit d'une corruption endémique. Il passe aussi pour être une plaque tournante du trafic de cocaïne entre l'Amérique latine et l'Europe. La Guinée-Bissau est considérée comme une zone de transit de la drogue en provenance d'Amérique latine, et l'on soupçonne une large complicité des militaires dans ce trafic à grande échelle. Depuis le putsch au Tchad qui a vu la liquidation du président Idriss Deby remplacé par son fils à la tête d'une transition menée par les militaires, le continent africain a traversé l'année dernière et commence l'actuelle avec un coup d'Etat en Guinée, un double au Mali et un autre, la semaine dernière, au Burkina Faso. La Cédéao qui a essayé des médiations semble débordée par l'ampleur de ces coups de force, notamment avec le Mali où la junte au pouvoir ne veut rien céder et vient de se compliquer la situation davantage avec sa crise diplomatique avec la France.