Les "Lions" du Sénégal règnent enfin sur l'Afrique. Ils ont remporté leur toute première CAN contre l'Egypte (0-0 a.p., 4 t.a.b. à 2), au bout d'une finale très fermée, où Sadio Mané a transformé le tir au but décisif. Le Sénégal l'attendait depuis si longtemps ! Après deux tentatives malheureuses en 2002 et en 2019, les joueurs de la "Teranga", la bienvenue en wolof, ont enfin eu les nerfs solides, après 330 minutes de finale au total sans marquer le moindre but. Sadio Mané a raté un penalty en début de match, mais pas son tir au but, après les échecs de Mohamed Abdelmonem et de Mohamed Ahmed, et celui de Bouna Sarr. Le Sénégal prend sa revanche de la séance perdue contre le Cameroun 20 ans plus tôt (0-0, 3 t.a.b. à 2). Mané a remporté son duel dans le match avec Mohamed Salah, son coéquipier de Liverpool, qui perd sa deuxième finale après celle de 2017 (2-1 contre le Cameroun), et n'a même pas pu tirer son "péno", lui qui était placé en cinquième position. Cette victoire porte le sceau d'Aliou Cissé, coach "local" qui avait pleuré sur le terrain les deux échecs précédents. Joueur, il avait manqué le dernier tir au but de la finale 2002 contre le Cameroun. Entraîneur, il avait vécu la frustration d'un but gag en tout début de match contre l'Algérie, que son équipe n'a jamais remonté (1-0). Ce premier triomphe est bien sûr aussi celui de Mané, même s'il n'a pas réussi un très grand match, semblant porter la peine de son penalty mal tiré. "Ballonbuwa", le "sorcier du ballon", reste le héros de cette finale, avec Edouard Mendy, qui a arrêté un tir (Abdelmonem a frappé le poteau), et le capitaine Kalidou Koulibaly, suspendu pour la finale 2019, qui a, lui, transformé le premier et a muselé Salah. Les trois stars mettent fin à 57 ans de malheurs. Depuis leur première inscription en 1965, année aussi de leur première qualification (le Sénégal termine 4e), les Lions de la Teranga couraient après ce titre. L'Egypte, arrivée épuisée par trois prolongations et un jour de récupération en moins, n'a pas remporté de huitième CAN. Les Pharaons ont défendu à l'arraché tout le match, pliant sans rompre sous la domination sénégalaise. La finale de 2019 avait mal commencé pour le Sénégal, avec un but gag de l'Algérie dès la deuxième minute. Cette fois les Lions ont raté un penalty, par Sadio Mané, arrêté par Gabaski (7e), pour une faute de Mohamed Abdelmonem sur Saliou Ciss. Le gardien numéro deux de l'Egypte, titulaire depuis la blessure de Mohamed El-Shenawy, brille décidément dans l'exercice ; il avait déjà fait la décision dans les deux séances de tirs au but gagnées par son équipe. La victoire est méritée pour les Sénégalais, vainqueurs aux points. Ils ont dominé le match et se sont procuré quelques occasions, mais elles n'étaient pas assez tranchantes, à l'image de ces centres d'Ismaïla Sarr devant la ligne (19e, 23e), et Gabaski a tout sorti. Le Marseillais Bamba Dieng a trouvé trois fois sur sa route dans la prolongation les gants du gardien du Zamalek (92e, 100e, 115e). Fatigué, isolé, Salah n'a pas souvent trompé la vigilance de ses défenseurs. Quand il a réussi et a visé la lucarne, Edouard Mendy a paré (42e). L'Egypte a pourtant eu une balle de hold-up, une frappe d'Ahmed Mostafa "Zizo" boxée par Mendy sous sa transversale (117e). Mais la revanche va arriver très vite : Sénégal et Egypte se retrouvent en mars pour l'affiche des barrages africains de la Coupe du monde. Le duel africain Mané-Salah ne fait que commencer. Fortunes diverses pour les deux stars africaines de Liverpool Le sacre de Mané, les larmes de Salah Un penalty raté, un tir au but réussi : Sadio Mané a vécu toutes les émotions dimanche à Yaoundé et a offert au Sénégal sa première Coupe d'Afrique des nations, face à l'Egypte (0-0 a.p, 4 t.a.b. à 2) de son coéquipier à Liverpool, Mohamed Salah. À peine sacré champion d'Afrique et élu meilleur joueur de cette édition, Mané n'a pas oublié de réconforter son ami Salah, en larmes à l'issue de la rencontre. Ensemble ils ont hissé leur club sur le toit de l'Europe avec un succès en Ligue des champions en 2019, avant d'offrir aux Reds un sacre en Premier League l'année suivante, après 30 ans d'attente. Heureux en club, les deux comparses avaient été des finalistes malheureux de la CAN avec leurs sélections respectives. En 2017 contre le Cameroun (2-1) pour l'Egyptien, en 2019 contre l'Algérie (1-0) pour le Sénégalais. À Yaoundé, dimanche soir, n°10 dans le dos, les deux joueurs de 29 ans se faisaient face au coup d'envoi. Mais après une prolongation et des tirs au but, c'est Sadio Mané qui a décroché sa première CAN. La première aussi pour son pays. Salah devra, lui, encore patienter pour soulever ce trophée. Sané, auteur d'une très belle CAN avec trois buts et deux passes décisives, et le Sénégal ont été les premiers à s'illustrer lors de la première période de la finale. Dès la troisième minute, Mané a tenté de déborder avant d'être repris par Mohamed Abdelmonem. Le défenseur égyptien n'a rien pu faire en revanche quelques minutes plus tard sur une percée de Saliou Ciss, et son tacle raté a offert un penalty aux Lions de la Teranga. Alors que Mané se rapprochait du point de penalty, Salah est alors venu souffler quelques conseils au gardien Mohamed Abougabal, avant que son coéquipier à Liverpool ne vienne se mêler à la conversation pour semer la confusion chez le portier. Mais c'est bien Gabaski, déjà héros contre la Côte d'Ivoire en huitièmes et le Cameroun en demi, qui est sorti vainqueur du face-à-face en repoussant la frappe en force mais un peu trop axiale de Mané (7e). Un peu contrarié par son échec, l'attaquant sénégalais s'est montré plus discret ensuite, laissant la vedette à Ismaïla Sarr, titularisé et très remuant. Plus en retrait lors de cette CAN que Mané, Salah avait inscrit jusqu'alors deux buts et surtout brillé en quarts contre le Maroc (2-1) avec un but et une passe décisive. Le leader des Pharaons, déjà trois prolongations dans les jambes, a quasiment dû patienter jusqu'à la demi-heure de jeu pour se signaler, d'une frappe à l'entrée de la surface, mais sans danger pour Edouard Mendy (28e). Juste avant la pause, Salah a retrouvé son habituelle explosivité en filant vers la surface avant d'effacer Abdou Diallo. Mais l'Egyptien a encore trouvé Mendy sur sa route, impeccable pour empêcher la balle de se loger sous la transversale (43e). Au retour des vestiaires, Sadio Mané, Idrissa Gueye et Famara Diedhiou ont tenté, en vain, de forcer la défense égyptienne et son verrou Gabaski. Si Mané a essayé de délivrer les siens, Salah s'est montré très discret. Passé en pointe après l'entrée de Trezeguet, il a laissé à Marwan Hamdi le soin d'apporter le danger dans la surface adverse sur une tête puissante mais à côté (75e). Puis, lors des prolongations, c'est encore le gardien Gabaski qui s'est mis en évidence côté égyptien, repoussant trois tentatives de Bamba Dieng (91e, 99e, 114e). Lors de la séance des tirs au but, après deux échecs égyptiens, c'est à Mané qu'est revenu le soin d'offrir le titre aux siens. Cette fois, l'attaquant sénégalais n'a pas failli. Sous les yeux de Salah, qui n'a pas eu l'occasion de se livrer à l'exercice, la frappe victorieuse de son coéquipier en club met fin à la séance. Mané et Salah vont vite se retrouver à Liverpool pour tenter d'écarter l'Inter Milan en Ligue des champions, à la mi-février, puis ils se recroiseront, en sélection, en mars, pour l'affiche des barrages africains de la Coupe du monde.