Le ministère des Postes et Télécommunications vient d'annoncer la nomination d'un nouveau P-DG pour Algérie Télécom en la personne de Adel Bentoumi, qui succède à Khaled Zerat, installé dans ses fonctions en octobre 2021. Le nouveau patron d'Algérie Télécom occupait le poste de responsable chargé du marketing dans la même entreprise. Il avait, par ailleurs, travaillé pour Naftal, où il était conseiller du directeur général. Ainsi, Algérie Télécom opère, pour la énième fois, un changement à sa tête ; l'entreprise a déjà consommé une demi-douzaine de P-DG ces dix dernières années. Le changement du P-DG va-t-il modifier la compétitivité d'Algérie Télécom ? En l'absence de concurrence dans le secteur des télécommunications, il serait difficile de faire changer les choses et d'instaurer un mode de gestion efficace pour l'entreprise, font observer certains experts. Il est vrai que la loi actuelle encadrant le secteur permet l'ouverture du marché à un autre opérateur de téléphonie fixe, ainsi qu'à d'autres fournisseurs d'accès internet. À Sonatrach, également, la valse des P-DG a été rondement menée ces dernières années : la compagnie nationale a consommé 12 P-DG en 21 ans. Cela n'est évidemment pas de nature à permettre de restaurer l'image de marque de l'entreprise, de lui redonner confiance, sachant que le géant public des hydrocarbures a été secoué, ces dernières années, par une série de scandales financiers qui ont fait l'objet d'enquêtes en Algérie et à l'étranger. Il faut dire que l'actuel système de gestion administrée et hiérarchisée des entreprises publiques a créé plus de problèmes qu'il n'en a réglé. Il a favorisé les surcoûts et gaspillages de toutes sortes. Il s'est traduit par la déstructuration financière des entreprises publiques et leur endettement systématique. Dans cette configuration du secteur public, datant de plusieurs années, l'Etat était et est toujours omniprésent, gardant la mainmise sur la décision concernant l'entreprise publique, y compris des décisions insensées et irréfléchies. "Au fond, tout le mal qui ronge l'entreprise publique vient de là", nous confiait Ali Hamani, ancien responsable des Fonds de participation, soulignant "la nécessité que cela doit changer, que ce soit dans le cadre de la privatisation ou de tout autre cadre de réorganisation du secteur public". Que faire pour aider les entreprises en difficulté à surmonter les obstacles, à dégager la marge nécessaire à son exploitation et à son développement ? Pour de nombreux observateurs, la privatisation est l'une des solutions possibles, mais pas la seule, pour leur permettre d'y parvenir. Dans un entretien accordé à Liberté il y a quelques mois, Lakhdar Rekhroukh, président de l'Union nationale des entrepreneurs publics (Unep), estimait que l'ouverture du capital des entreprises publiques "ne constitue pas pour nous un dogme", ajoutant que "toute mesure qui permettra de promouvoir et d'améliorer les performances et l'efficacité de notre économie sera soutenue par l'Unep", dans la mesure où elle s'inscrirait dans l'objectif "d'améliorer les performances nationales et d'aboutir à la création de plus de richesses et à l'ouverture de nombreux postes d'emploi, notamment au profit de notre jeunesse".