Faute de dividendes politiques après son soutien à la démarche du pouvoir, notamment à travers la participation aux derniers scrutins, et incommodé visiblement par l'orientation politique du pouvoir, le MSP tente un repositionnement stratégique en développant de nouveau un discours d'opposant. Sitôt le chapitre des élections clos et qui avait été entamé avec la tenue du référendum sur la révision constitutionnelle en novembre 2020 puis les législatives en juin 2021 et enfin les locales de novembre de la même année avec la maigre moisson qu'il a récoltée, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), dont l'entrisme est érigé au rang de dogme politique, s'est senti à l'étroit dans les habits de "soutien critique" au pouvoir en place et a, à nouveau, renfilé le costume d'un parti d'opposition. "Le pouvoir ne doit pas être irrité par le discours critique d'un parti d'opposition qui s'oppose à son action politique. C'est là, la fonction d'un parti d'opposition dans une démocratie", a lancé le président du parti, Abderrezak Makri, hier à Alger lors d'un point de presse animé à l'issue de la session ordinaire du conseil consultatif. "Nous sommes un parti responsable et ayant notre histoire. Tout le monde doit accepter notre existence comme parti d'opposition surtout que nous avons donné toute sa chance au processus électoral", a-t-il insisté. La déception des résultats réalisés lors des élections législatives et locales est-elle pour quelque chose dans ce repositionnement ? Fort probable. "Aujourd'hui, on est à la troisième année du premier mandat du président de la République et le temps est venu de faire un bilan sérieux de son action", a-t-il soutenu. Et le bilan qu'il a dressé, lui, de l'action de l'Exécutif est pour le moins très critique. Concernant la révision constitutionnelle, le chef de file du MSP a exprimé sa "déception réelle" concernant la prépondérance du pouvoir exécutif sur tous les autres pouvoirs et la question de la garantie des libertés et du développement de la société civile. "Le processus de déviation sur les promesses de prise en charge des revendications du Hirak a commencé avec la Constitution", a-t-il asséné. Après la révision de la Constitution, le président du MSP s'est attaqué aux conditions dans lesquelles s'étaient tenues les dernières élections, en déplorant l'absence d'une saine compétition, un contrôle des opérations électorales qui a commencé très tôt et la présence de l'argent sale dans la campagne électorale. "La situation est restée la même, si elle n'a pas empiré. La corruption est partout et l'on assiste à la répression de la liberté de la presse tout en poussant les gens à l'autocensure, sans parler des atteintes aux libertés", a-t-il énuméré. Sur sa lancée, M. Makri a déploré l'existence d'une lutte de clans au sommet de l'Etat. "On n'a jamais assisté à une telle situation. Des noms de responsables et de leurs familles sont cités sur les réseaux sociaux. Et ces informations ont fuité de l'intérieur de l'Etat pour être utilisées sur les réseaux sociaux et à l'extérieur du pays", a-t-il dénoncé, en refusant de prendre parti pour tel ou tel clan car, a-t-il dit, "tous les clans en compétition ne croient pas en la démocratie et au pluralisme". "La solution n'est pas dans quels clans en lutte l'emportera, mais dans la démocratie et le consensus national", a-t-il martelé. "Cessez de jouer avec l'avenir du pays et allons vers le vrai changement démocratique !", s'est encore exclamé le président du MSP. Sur le plan économique, le patron du parti islamiste a déploré l'aggravation du phénomène de la pauvreté et estimé que l'on ne peut pas régler le problème des transferts sociaux sans la production. "Pour faire face aux défis sociaux, il doit y avoir un consensus, l'arrêt de la corruption, le contrôle de la gestion des affaires publiques, etc". Abordant la situation au niveau régional, le président du MSP a critiqué la "mauvaise gestion" du dossier du Maghreb présenté comme la profondeur stratégique de l'Algérie. "On a très mal géré les dossiers libyen, marocain et tunisien. Si on avait fait preuve de plus de tact et de savoir-faire, l'Algérie aurait pu être un acteur principal dans la région", a-t-il estimé.