Ali Benflis pense que la décision politique est prise et exécutée en dehors du cadre constitutionnel. L'opposition tente de mettre de l'ordre dans sa maison. Les partis politiques et personnalités nationales composant la Coordination nationale pour la transition démocratique se sont réunis, hier au siège du MSP, pour évaluer le travail effectué par le groupe depuis la conférence nationale de Zéralda, en juin 2014, qui avait vu la présence de plus de 400 participants. Hier, l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (ICSO) s'est réunie et tous les adhérents étaient présents. Les intervenants ont brossé un tableau noir de la situation qui prévaut dans le pays et fait un constat inquiétant sur la vacance du pouvoir et la nécessité d'aller vers des élections anticipées. Ils sont revenus sur le congrès du FLN, le dernier remaniement ministériel, le changement à la tête du RND et la crise économique qui pointe à l'horizon. En outre, certains membres de l'ICSO se sont montrés critiques concernant leur bilan d'activité. Un bilan, même s'il est acceptable, demeure, de l'avis de Makri Abderrazak, insuffisant pour le citoyen. Dans son allocution à l'ouverture de cette conférence, Mohcine Belabbès du RCD a expliqué : «Le système tente de réorganiser ses rangs à travers le viol des statuts des partis (du pouvoir), des putschs à la tête de leurs directions et à travers la redistribution des portefeuilles ministériels aux mêmes personnes qui sont impliquées dans les affaires de corruption.» Pour l'orateur, «la persévérance dans la réédition de l'échec vient après l'impossibilité de construire un consensus entre les clans du pouvoir qui luttent les uns contre les autres pour se repositionner afin de se préparer à la période de l'après-Abdelaziz Bouteflika toujours au détriment des intérêts de l'Algérie». Ali Benflis pense, quant à lui, que la décision politique «est prise et exécutée en dehors du cadre constitutionnel». «Le pouvoir réel est détenu actuellement par les proches du président Bouteflika, soutenus par des personnes aux fortunes colossales acquises à travers des marchés douteux et des réseaux de ‘clientélistes'», ajoute-t-il. Benflis précise que la «succession héréditaire du pouvoir ne se limite pas au cadre familial. Elle s'élargit et peut couvrir la transmission cooptée de ce pouvoir. Ce dernier refuse la transition, mais impose la cooptation». Une marche populaire le 5 octobre Plus virulent, Karim Tabbou évoque une élection présidentielle anticipée qui se déroule en cercle fermé et ne répond pas aux normes démocratiques. «Parmi les résultats du congrès du FLN figure la désignation du président Bouteflika comme président du parti. Peu de gens ont tenu compte de ce détail. En fait, on fait semblant de faire bouger les choses pour que tout reste en place. Jamais le pays n'a atteint un tel niveau de moquerie, de médiocrité et de mépris envers la population», assène-t-il. La plupart des intervenants, à leur tête le président du MSP, M. Makri, sont convaincus que dans la situation actuelle, l'éventualité de voir le peuple sortir dans la rue est quasiment impossible. «Le recours du peuple à la rue sera spontané. Il sera encouragé par les ‘erreurs du système et ses échecs' et nourri par ‘les politiques de répression'», note Makri. D'ailleurs, M. Rahabi estime que le point faible de la Coordination est qu'elle n'a pas pu mesurer le niveau d'adhésion populaire à sa démarche. «Le pouvoir a tout fait pour empêcher l'opposition d'organiser des meetings dans les salles afin de sensibiliser la population. Nous devons faire un effort dans ce sens», lance-t-il. Abondant dans le même sens, certains intervenants ont critiqué le bilan de la coordination. «Beaucoup parmi ceux qui se sont réjouis de notre réunion ont été quelque peu déçus, car ils s'attendaient à une grande capacité d'opérer un changement dans les équilibres. Nous devons évaluer la période dans toutes ses dimensions», a souligné Makri. Lors de cette rencontre qui s'est déroulée à huis clos, des propositions ont été formulées. Ainsi, Soufiane Djilali de Jil Jadid appelle à l'élargissement du front et à l'association d'autres acteurs politiques aux actions de l'opposition et de changer la dénomination de l'ICSO. Mohcine Belabbas a proposé pour sa part l'organisation d'une marche populaire le 5 octobre prochain, dans la capitale, afin de dénoncer «les atteintes aux libertés fondamentales, individuelles et collectives».Nabila Amir