Est-il possible de guérir du stress, de l'anxiété et de la dépression, sans recourir aux médicaments ni à la psychanalyse ? Pour le jeune psychiatre-chercheur français David Servan-Schreider, la réponse est affirmative. L'invité de la fondation Mahfoud-Boucebci, récipiendaire de nombreux prix, dont le Prix du président de la société de psychiatrie de Pennsylvanie et celui du jeune chercheur, a assumé, hier, lors d'une conférence de presse qu'il a animée au siège de la fondation, cette sorte de digression à la médecine conventionnelle, qui suscite encore du scepticisme parmi ses confrères. “Pour faire avancer la médecine, il faut deux choses : beaucoup d'ouverture d'esprit et du scepticisme”, a-t-il déclaré, non sans confirmer “l'efficacité” de la thérapie de médecine des émotions : l'EMDR (eye movement desensitization and reprocessin). Une thérapie de plus en plus répandue dans le monde et reconnue, notamment, par les ministères de la Santé de l'Irlande du Nord et de la Suède et par le département américain de la défense, dont l'originalité est de “donner aux patients les outils, voire les amortisseurs” afin de dépasser le mal. “70 à 90% des patients sont guéris et cela s'est fait en quelques séances, 8 à 10 séances”, a confié M. Servan-Schreider. La méthode EMDR s'applique aux cas de stress, de panique et de dépression, mais également aux traumatismes, grands ou petits. Pour le conférencier, des gens ayant vécu un événement douloureux, comme la perte d'un être cher, un viol ou une attaque, portent “les traces d'une cicatrice vivante que le cerveau n'a pas pu dissiper”. Il s'agit pour lui de contribuer, à travers 7 méthodes thérapeutiques, à “digérer” les évènements douloureux qui agissent sur les émotions et soulager ainsi “aussi facilement” les patients. Le jeune chercheur a également défendu le principe de “corrélation totale” entre sa thérapie et la spiritualité, prévenant toutefois que cette dernière n'a rien à voir avec la religiosité. Il a, par ailleurs, soutenu que la médecine des émotions donnerait de bons résultats sur les victimes du terrorisme, et précisé plus loin que l'EMDR “ne mène jamais à l'amnésie”, mais seulement à la réconciliation avec soi-même. Pour rappel, David Servan-Schreider a publié l'an dernier un livre, intitulé Guérir le stress, l'anxiété et la dépression qui sera bientôt sur le marché algérien. Dans son ouvrage, l'auteur confie que chacune des approches utilisées “exploite, à sa manière, des mécanismes d'autoguérison présents dans l'esprit et le cerveau”, rappelant néanmoins qu'elles ont été soumises à des “évaluations scientifiques rigoureuses”. En guise de conclusion, il écrit que “notre cerveau émotionnel, fruit de millions d'années d'évolution, est précisément affamé de ces trois aspects de la vie auxquels n'avait pas accès l'étranger (d'Albert Camus, ndlr) : les mouvements de notre corps que sont les émotions, les rapports affectifs harmonieux avec ceux qui nous sont chers, et le sentiment d'être à notre place dans une communauté”. Rappelons, enfin, que le Dr David Servan-Schreider animera aujourd'hui à 14h, à la bibliothèque d'El-Hamma, une conférence destinée au public, qui portera sur sa thérapie. Des exercices sont prévus au programme pour donner un aperçu sur la fiabilité des méthodes suggérées. Hafida Ameyar