Une possible mesure d'isolement financier total de la Russie au niveau international n'aura guère d'impact sur l'Algérie. La mesure envisagée par les puissances occidentales d'exclure totalement la Russie de la plateforme interbancaire mondiale, Swift, pourrait induire de lourdes pertes pour l'économie russe, mais aussi d'importants dommages collatéraux pour de nombreux autres pays, notamment européens. Qu'en est-il de l'Algérie, qui compte tout de même un certain volume d'échanges extérieurs avec la Russie, même si celle-ci ne figure pas parmi ses principaux partenaires commerciaux ? Sur le plan international, rien ne changera globalement pour l'Algérie, "sauf ses transactions avec la Russie libellées en dollar ou en euro", nous indique l'expert en stratégie et spécialiste en financements internationaux, Lachemi Siagh. Et même ces transactions, nous précise-t-il, "pourraient se faire en rouble, à travers des accords entre les banques centrales des deux pays". Du côté des institutions bancaires locales, l'on nous précise également qu'une possible mesure d'isolement financier de la Russie au niveau international n'aura guère d'impact sur l'Algérie, dès lors que les échanges commerciaux bilatéraux restent peu diversifiés et que d'autres fournisseurs pourraient être sollicités pour certaines importations algériennes, telles que le blé par exemple. Aussi, notent nos sources, en cas de mise à exécution de sanctions financières radicales par les Occidentaux, ce serait surtout la Russie qui serait pénalisée, y compris dans ces quelques transactions avec l'Algérie. Dans cet ordre d'idées, le spécialiste en finance internationale, Lachemi Siagh, explique qu'avec de telles sanctions financières, "la Russie ne pourra plus utiliser le dollar ou l'euro dans ses contrats". Or, ajoute-t-il, "comme la monnaie de référence des transactions d'hydrocarbures est le dollar, elle ne pourrait pas vendre ses produits sur les marchés internationaux sauf en troc ou en d'autres monnaies". Ce pourquoi, rappelle-t-il, "la Russie et la Chine voulaient depuis quelque temps se protéger en créant un système parallèle...". En attendant, conclut notre interlocuteur, la Russie serait asphyxiée financièrement, car elle ne pourrait pas non plus mobiliser ses fonds détenus à l'étranger à travers la plateforme Swift. Lorsque les Etats-Unis avaient imposé par le passé de telles sanctions financières contre l'Iran, la banque BNP Paribas, note enfin Lachemi Siagh, "avait réalisé des transactions avec ce pays à partir de la Suisse, mais pour les avoir libellées en dollar, alors que la compensation en cette monnaie s'effectue à New York, elle avait été frappée de lourdes sanctions américaines se chiffrant en milliards de dollars". À rappeler que les pays occidentaux ont décidé avant-hier de durcir les sanctions financières contre la Russie, en actant, notamment, l'exclusion de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift. Basé en Belgique, le système Swift tient lieu de plateforme internationale essentielle pour les opérations de validation de transactions bancaires. La Russie en serait le deuxième utilisateur après les Etats-Unis, avec quelque 300 banques et institutions russes adhérentes, selon le site de l'association nationale russe Rosswift.