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Lahcène Khelil El-Berkani rend hommage à sa tribu "La Résistance Algérienne Au XIXe Siècle (Les Hadjouts et les Beni Menasser)" et "Le Premier Dictionnaire Français-Ménasri"
Ces deux titres, l'un d'histoire, l'autre un glossaire, montrent d'emblée l'attachement de l'auteur à un territoire dont il est originaire, à savoir l'ouest de la Mitidja, et dont il veut faire découvrir et partager ses particularités sociohistoriques et linguistiques. La résistance algérienne au XIXe siècle se veut surtout être une contribution sommaire à l'écriture de la résistance et des luttes de la population algérienne. L'auteur, dans son introduction, définit lui-même son ouvrage "comme une simple esquisse qui servirait de base à des études plus approfondies".En fait, le travail effectué est principalement un hommage à la résistance des tribus dont le territoire se situait à l'ouest de la Mitidja, en particulier les Hadjouts et les Beni Menasser. Descendant d'une de ces tribus, il tente de retracer les origines, ainsi que l'espace qu'elles occupaient lorsqu'elles ont fait face à l'invasion coloniale française dès les premières heures de la conquête. Lacène Khelil El-Berkani relate l'histoire de ces deux factions tribales comme une épopée héroïque. Il reprend le parcours des Hadjouts et des Beni Menasser depuis leur établissement dans la plaine jusqu'à leur dissolution par l'autorité coloniale suite à leur défaite militaire. Le système colonial appliquera à leur encontre tous les outils de sa politique de destruction de la société traditionnelle algérienne pour mettre fin à son combat et accaparer ses terres. Déportations, confiscations des biens fonciers, arsenal juridique, élimination physique des leaders, trêves non respectées sont quelques- uns des mécanismes qu'utilisera l'envahisseur pour réaliser ses projets coloniaux. Le démantèlement des tribus et leur dépossession systématique visaient à briser toute velléité de résistance et à offrir une assise foncière à la colonisation de peuplement. L'auteur nous rappelle le rôle qu'ont joué nombre de tribus anonymes et le prix payé dans leur confrontation avec l'ennemi. Publié avec le soutien du ministère de la Culture, à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, cet ouvrage, d'une lecture aisée, est une sorte de mémo dédié aux sacrifices consentis tout au long du XIXe siècle par la population algérienne. Il raconte le refus des compromis et la noblesse du combat engagé contre l'invasion étrangère. Certes, sa composition est largement succincte, c'est juste un survol de l'histoire de deux tribus parmi des centaines d'autres. Elle reflète ce que fut une page fondatrice de l'Algérie moderne. Cependant, l'éditeur ne fournit aucune indication quant à la formation des auteurs ou leur parcours. Lahcène Khelil El-Berkani et son collaborateur sont-ils historiens ou des amateurs férus d'histoire ? Leur travail ne répond certes pas à des exigences scientifiques et méthodologiques rigoureuses, mais il a le mérite et la volonté d'éveiller la curiosité du profane qui s'intéresse à cette période. Le deuxième titre, Le Premier Dictionnaire français-ménasri, plus récemment publié par le même éditeur, a pour auteurs Lahcène Khelil El-Berkani, aux côtés, cette fois, de Larbi Bouamrane Mohamed. C'est davantage un lexique qui reprend une graphie arabe pour transmettre en langue française une variété de la langue amazighe pratiquée dans l'ouest de la wilaya de Tipasa. Cet ouvrage original, même s'il aborde superficiellement son sujet, révèle la richesse de la langue amazighe en Algérie et dans tout le Maghreb. Longtemps marginalisées, les langues régionales continuent d'exister et doivent faire l'objet de recherche et d'études qui permettent de les sauvegarder et de les développer. Elles sont un fondement des identités nationales et nombre de pays saisissent aujourd'hui l'importance des langues vernaculaires dans l'ancrage socioculturel des populations et mènent de ce fait une véritable politique de restauration. On sent chez les auteurs, au-delà de l'aspect académique qu'exigerait une telle entreprise, une démarche de reconnaissance d'une géographie, d'une communauté qui refuse de perdre ses repères socioculturels et linguistiques. C'est une approche à soutenir et à enrichir afin que le citoyen se sente appartenir à un humus sociologique qui lui permette de se projeter dans un ensemble national cohérent, en harmonie avec ses différentes composantes. Amina Zerroukhi
La Résistance algérienne au XIXe siècle (Les Hadjouts et les Beni Menasser) et Le Premier Dictionnaire français-ménasri, de Lahcène Khelil El-Berkani, en collaboration avec Seghier Khaled. Editions Dahleb.