"Comment se fait-il que, malgré un abondant travail d'historiens, aucun consensus ne puisse se dégager sur cette période (de la guerre d'Algérie, ndlr) ? Pourquoi cet enjeu mémoriel va-t-il bien au-delà des débats d'historiens et infuse toujours autant dans les sociétés française et algérienne ? Quelles sont les initiatives qui visent à apaiser les mémoires ? C'est en retraçant l'histoire commune des deux pays que le hors-série d'Ouest-France intitulé 'France-Algérie : comprendre l'histoire, apaiser les mémoires' tente d'apporter des réponses." C'est ainsi que le quotidien présente les 9 épisodes qu'il consacre à la guerre d'Algérie du 25 février au 5 mars 2022. Cela s'inscrit en droite ligne du foisonnement d'initiatives auquel on assiste en France à l'occasion du 60e anniversaire des accords d'Evian et de l'indépendance de l'Algérie. Ouest-France aborde justement ces accords qui ont ponctué plus de sept ans de guerre, le fameux discours de de Gaulle à Alger ("Je vous ai compris !"), sans oublier l'engagement des footballeurs algériens qui ont rejoint Tunis pour créer la fameuse équipe du FLN. Le quotidien rapporte ensuite le témoignage de Stanislas Hutin, un appelé français envoyé en Algérie et qui a préféré l'enseignement à la guerre (son témoignage figure aussi dans les colonnes de Liberté). Après avoir évoqué le départ précipité des Français en 1962, le quotidien régional français rappelle comment la France a mis longtemps à reconnaître que "les événements d'Algérie" étaient une guerre dont les autorités, ajoute-t-il, "veulent que la France reconnaisse les horreurs (qui y ont été) commises". "À quand un musée de l'histoire de la France et de l'Algérie ?" s'interroge le quotidien régional français, avant d'ajouter : "Les témoignages des différents porteurs de cette mémoire (appelés du contingent, pieds-noirs, harkis, Algériens) et l'éclairage précieux d'historiens reconnus permettent de mieux saisir cette histoire." Il estime que "les exemples d'initiatives politiques, culturelles et la pédagogie autour du conflit doivent permettre à terme d'apaiser les mémoires. Pour que chacun des pays, des deux côtés de la Méditerranée, puisse regarder en face et dans la sérénité, cette histoire troublée". Sous le titre "Le général pacifiste qui a dit non à la torture", Ouest-France dresse le portrait du général de Bollardière, le seul officier supérieur à avoir condamné l'usage de la torture pendant la guerre d'Algérie dès 1957, ce qui lui valut 60 jours d'"arrêts de forteresse", sanction disciplinaire militaire rapportée d'ailleurs par Le Monde du 17 avril 1957. Selon Ouest-France, toujours en 1957, Bollardière avait fait part à l'hebdomadaire français L'Express de "l'effroyable danger qu'il y aurait pour nous à perdre de vue, sous le prétexte fallacieux de l'efficacité immédiate, les valeurs morales qui seules ont fait jusqu'à maintenant la grandeur de notre civilisation et de notre armée". Si l'on peut émettre des réserves sur "les valeurs morales" et la "civilisation" accolées à une armée coloniale qui s'est distinguée par l'oppression d'un peuple, l'on retiendra que cet officier général avait tout de même condamné les méthodes "expéditives", c'est-à-dire la torture massive pratiquée par les paras de Massu durant la Bataille d'Alger. De retour en France, Bollardière démissionne de l'armée en avril 1961. C'est là un condensé du Hors-Série d'Ouest-France consacré à l'Algérie, "imprimé à 25 000 exemplaires", selon le journal, et qui est disponible dans les kiosques et visible également sur le site du quotidien. Parallèlement aux événements organisés par des instituts et centres culturels, plusieurs associations de la diaspora algérienne projettent des conférences, expositions, spectacles... à l'occasion du 60e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Nous y reviendrons dans nos prochaines éditions.