Une rencontre regroupera en Algérie des anciens moudjahidine et des anciens appelés du contingent français d'ici fin octobre, a indiqué une dépêche de l'APS. Cette courageuse initiative permettrait aux ennemis d'hier de se réconcilier et pourquoi pas redevenir des amis aujourd'hui. Avant ce rendez-vous, des enfants des deux catégories ont ouvert le «bal», par des rencontres amicales en France et en Algérie. En effet, un «premier groupe» d'anciens appelés du contingent français, dont des réfractaires à la Guerre de Libération nationale, se rendra «d'ici fin octobre» en Algérie afin d'y rencontrer des anciens moudjahidine et des associations locales, et «signer la réconciliation» avec les adversaires d'hier. «Nous voulons rencontrer des moudjahidine, anciens adversaires et non pas ennemis (...) Cette forme de reconnaissance nouvelle du fait colonial et les retrouvailles, à l'occasion de cette réconciliation, est le plus important à nos yeux», a indiqué à l'APS un ancien appelé, Stanislas Hutin, en marge d'un forum France-Algérie, 50 ans après, la réconciliation est-elle possible maintenant ? Pour cet ancien instituteur, un des premiers à avoir dénoncé les exactions coloniales dont la torture en 1956, l'initiative prise par l'association des anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la Guerre (4ACG) connaîtra «un début de concrétisation d'ici fin octobre avec cette première délégation afin de voir par la suite comment organiser un ou des voyages dans ce sens». Il a tenu à préciser que l'initiative est «purement associative». «On veut le moins d'officialisation possible. Nous sommes des amis qui souhaitons revoir des anciens adversaires, ni plus, ni moins», a indiqué M. Hutin. Les premiers jalons de ce prochain voyage ont été lancés en février dernier par la 4ACG, une association revendiquant 300 adhérents dont 150 anciens appelés du contingent français. Créée en 2004, elle a pour but, à partir du travail de mémoire sur la Guerre d'indépendance, de réfléchir, de témoigner et d'œuvrer pour la paix. En sont membres les anciens appelés en Algérie qui acceptent de reverser le montant de la retraite du combattant à l'association, des pensions qui sont reversées dans la réalisation de projets de développement en Algérie, notamment. En 2011, une participation financière de 10 000 euros a été votée pour aider des femmes et des jeunes de Tizi Ouzou à développer une activité économique locale, grâce à des prêts solidaires. C'est l'association Touiza-Solidarité de Marseille, qui mène cette action dans l'Hexagone, en plus de correspondants dont dispose la 4ACG en Algérie. Pour le secrétaire de l'association, Michel Berthélémy, ces actions participent d'une volonté de «réparation, ou du moins d'initier des choses positives avec nos pensions». «La résistance que nous menons aujourd'hui est contre cette falsification qui est en train de resurgir de cette Histoire de l'Algérie par le pouvoir et toutes ces associations de nostalgiques de l'Algérie française», a-t-il dit. Avec l'ensemble des pensions reversées, près de 70 000 euros par an, l'association - dont Simone de Bollardière, veuve du général qui dénonça la torture en Algérie, devint présidente d'honneur en 2006 - co-finance des projets de développement en partenariat avec d'autres associations dont, notamment, celles s'occupant d'enfants d'autistes à Constantine et de familles éprouvées par le séisme qui a ébranlé Boumerdès en mai 2003. La fille d'un ancien sous-officier français et le fils d'un combattant du FLN, tous les deux morts pendant la guerre, ont décidé de rendre hommage à ces soldats. Ils publient un livre, Nos pères ennemis (éditions Privat). Loin de la guerre des mémoires, ils parlent d'une souffrance. Mi-juin, Hélène Erlingsen, la Française, était invitée à Aïn Defla pour présenter ce témoignage. Une rencontre émouvante entre la fille d'un soldat français et d'anciens moudjahidine.