L'armée russe progresse sur le terrain en Ukraine et poursuit l'encerclement des villes et le blocus du port de Marioupol. La décision d'un cessez-le-feu annoncée par Moscou et Kiev n'a pas été suivi cependant d'effet. En raison de l'insécurité autour de Marioupol où les combats avaient repris, le couloir humanitaire a été annulé et l'évacuation des civils — dont le début était prévu la matinée — a été reportée. La Russie a annoncé ce samedi un cessez-le-feu pour permettre l'évacuation des civils de deux villes de l'est de l'Ukraine, dont le port stratégique de Marioupol sous blocus, après des concertations entre représentants de Kiev et Moscou. A partir de 7h GMT, "la partie russe déclare un régime de silence (des armes) et l'ouverture de couloirs humanitaires pour l'évacuation des civils de Marioupol et Volnovakha", a déclaré le ministère russe de la Défense, cité par les agences de presse russes. L'évacuation des habitants de Marioupol, port stratégique du sud-est de l'Ukraine, encerclé par les forces russes et leurs alliés, a été reportée à cause de multiples violations russes du cessez-le-feu, a accusé hier la mairie. Par ailleurs, le président Poutine a réagi hier à la demande à l'Occident du président ukrainien, la veille, d'imposer une zone d'exclusion aérienne pour stopper les bombardements russes, indiquant qu'une telle perspective ferait des pays impliqués des cobelligérants. Vladimir Poutine a souligné hier que la Russie considérerait comme cobelligérant tout pays tentant d'imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine, une revendication de Kiev que l'Otan a rejetée. Les revendications de Kiev partant de l'intégration de l'Otan qui n'a pas eu d'écho depuis des années, certains pays membres l'ayant carrément rejetée, et la plus récente, celle de l'adhésion à l'Union européenne en plein conflit n'a même pas été prise en compte. Sur le terrain, les forces russes poursuivent le siège de Kiev et l'investissement de villes ukrainiennes. Une progression qui pourrait se terminer par l'occupation de tout le pays. Les combats se poursuivent à Tcherniguiv, au nord de Kiev, où des frappes russes ont fait 47 morts la veille dans une zone résidentielle. A quelque 350 km à l'est de Kiev, la situation est aussi devenue "un enfer" à Okhtyrka, et elle est "critique" à Soumy, selon les autorités. Devant l'avancée des forces russes et les percées dans plusieurs villes, l'Ukraine table sur un troisième round de négociations avec la Russie ce weekend, a déclaré l'un des négociateurs ukrainiens. Mais le président Vladimir Poutine a déclaré, lors d'un entretien avec le chancelier allemand Olaf Scholz, que le dialogue n'était possible que si "toutes les exigences russes" étaient acceptées. L'autre guerre se déroule sur le front électronique et informatique avec la suspension de part et d'autre de sites internet, de chaines de télévision et de restrictions dans l'accès aux médias. Ce qui risque fort de donner un aspect "huis clos" à cette guerre, qui se poursuivrait sans témoin. Le drame est d'ailleurs à peine visible avec la couverture médiatique actuelle du conflit.