A Bruxelles, le chef de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, indique que l'organisation militaire occidentale n'a pas fermé la porte à une adhésion de Kiev à l'Otan. Dénonçant une «grave escalade de l'agression militaire russe», le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a «condamné dans les termes les plus forts le mépris permanent de la Russie envers ses obligations internationales». «Nous appelons la Russie à cesser ses actions militaires illégales, à arrêter son soutien aux séparatistes armés et à prendre les mesures immédiates et vérifiables en faveur d'une désescalade», a-t-il déclaré à l'issue d'une réunion d'urgence au niveau des ambassadeurs de l'Alliance, suivie par une réunion avec leur homologue ukrainien. «Malgré les démentis de Moscou, il est désormais clair que des troupes et des équipements russes ont illégalement franchi la frontière dans l'est et le sud-est de l'Ukraine. Cela ne constitue pas une action isolée mais fait partie d'un comportement dangereux depuis plusieurs mois pour déstabiliser l'Ukraine en tant que nation souveraine», a accusé M. Rasmussen. Il affirme que les «forces russes sont engagées dans des opérations militaires directes en Ukraine». «La Russie continue de fournir aux séparatistes des chars, des véhicules armés, de l'artillerie et des lance-roquettes. La Russie a tiré sur l'Ukraine à la fois à partir du territoire russe et à partir de l'Ukraine elle-même», a ajouté le responsable de l'Otan. «Plus encore, la Russie continue de maintenir des milliers de soldats prêts au combat près des frontières ukrainiennes», ce qui constitue un «défi à tous les efforts diplomatiques en faveur d'un règlement pacifique». L'Otan a indiqué jeudi que quelque 20.000 militaires russes étaient massés le long de la frontière russo-ukrainienne. Interrogé sur la volonté de l'Ukraine de relancer le processus d'adhésion à l'Otan, M.Rasmussen a «rappelé la décision prise en 2008 (...) par l'Otan selon laquelle l'Ukraine deviendrait un Etat membre», si ce pays le souhaitait et s'il «remplissait les conditions nécessaires». «L'Ukraine avait décidé de poursuivre une politique de non alignement», a-t-il souligné, ajoutant: «Nous respectons pleinement l'éventuelle décision du Parlement ukrainien de modifier cette politique» car nous «adhérons au principe selon lequel chaque pays a le droit de prendre lui-même ses décisions, sans ingérence extérieure». A contrario, le président russe Vladimir Poutine a déclaré hier qu'il fallait «forcer» Kiev à négocier «sur le fond» avec les séparatistes russophones qui affrontent les forces armées ukrainiennes dans l'est de l'Ukraine. «Il faut forcer les autorités ukrainiennes à entamer des négociations sur le fond. Pas sur des questions techniques (...) mais sur le fond (...): quels seront les droits de la population du Donbass, de Lougansk, du sud-est du pays», a-t-il lancé lors d'un forum de la jeunesse russe. Le président Poutine a aussi regretté que Kiev refuse, selon lui, d'évacuer les forces ukrainiennes encerclées par les rebelles dans l'est de l'Ukraine via le couloir humanitaire qu'il a demandé aux séparatistes russes d'établir hier. «Je pense qu'il s'agit d'une erreur colossale qui va mener à d'importantes pertes de vies humaines», a-t-il prévenu, ajoutant que «cela lui rappelait les événements de la Seconde guerre mondiale». M. Poutine a aussi affirmé que la Crimée, «lieu sacré» pour les Russes, ne reviendrait pas dans le giron de Kiev, lançant que «le peuple russe et le peuple ukrainien sont quasiment un seul et même peuple», déclenchant les applaudissements du public. «Cette guerre est notre énorme tragédie», a-t-il regretté.