Des images satellitaires prises, ce lundi, en Ukraine montrent un immense convoi militaire russe qui s'étire sur plus de 60 kilomètres au nord-ouest de la capitale Kiev, objectif militaire de première importance pour la Russie dans son offensive en Ukraine. Le convoi «s'étend des abords de l'aéroport Antonov (à environ 25 km du centre de Kiev) au sud aux alentours de Prybirsk» au nord, a indiqué, lundi soir, la société américaine d'imagerie satellitaire Maxar, dans un courriel. Cet aéroport est, depuis le début de l'intervention de la Russie le 24 février, le théâtre de violents affrontements, l'armée de Vladimir Poutine tentant de s'emparer de cette infrastructure stratégique pour la prise de la capitale. Dans le convoi capturé par image satellite, d'une longueur d'environ 64 kilomètres, «certains véhicules sont parfois très distants les uns des autres et, sur d'autres portions, les équipements militaires sont positionnés à deux ou trois de front», a ajouté Maxar. Les images du convoi montrent plusieurs dizaines de véhicules alignés les uns derrière les autres sur des routes dans la campagne ukrainienne, avec parfois de la fumée à proximité, traces d'incendies de bâtiments selon l'entreprise. La société américaine a également diffusé des images montrant de nouveaux déploiements de troupes -hélicoptères d'attaque et véhicules au sol- au Bélarus, à moins d'une trentaine de kilomètres de la frontière avec l'Ukraine. Selon deux sources diplomatiques et sécuritaires, Moscou s'apprête à lancer de manière imminente une nouvelle poussée militaire. La principale colonne russe avançant vers la capitale ukrainienne «a progressé d'environ cinq kilomètres» lundi et se trouvait à «quelque 25 km» de la ville, avait estimé un haut responsable de la défense américaine plus tôt dans la journée.e. Sur le terrain, on observait, hier, une nouvelle offensive des forces russes sur Kiev, Kharkiv et plusieurs villes du pays, au lendemain de premiers pourparlers infructueux sur fond de sanctions occidentales croissantes contre la Russie. Au sixième jour de l'intervention russe, la place centrale de Kharkiv, deuxième ville du pays avec 1,4 million d'habitants, proche de la frontière russe, a été bombardée et la préfecture régionale touchée. Des combats ont également eu lieu lundi à Okhtyrka, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Kharkiv, qui auraient tué «environ 70 combattants ukrainiens», mais aussi de nombreux Russes, selon les autorités locales. Les forces russes «se sont regroupées, accumulant véhicules blindés, missiles et artillerie pour encercler et capturer Kiev, Kharkiv, Odessa, Kherson et Marioupol», a affirmé la Présidence ukrainienne dans un communiqué. L'électricité était coupée, hier matin, dans le grand port de Marioupol (sud-est) après une offensive russe, a indiqué le gouverneur de la région de Donetsk dont elle fait partie. Le chef des séparatistes pro russes de la région de Donetsk, Denis Pouchiline a dit que l'objectif était d'encercler dans la journée cette ville stratégique de la mer d'Azov. Sa prise par l'armée russe doit permettre la jonction des forces russes qui avancent le long de la côte de la mer d'Azov depuis la Crimée annexée par Moscou, des troupes dans le territoire séparatiste pro russe de Donetsk et la frontière avec la Russie. Kiev, en partie désertée après la fuite d'habitants par milliers, est occupée par des barricades de fortune, alors qu'il y a eu un assaut près de Chernihiv, au nord-est, direction depuis laquelle les Russes approcheraient vers la capitale. L'armée russe a érigé en outre des barrages routiers à tous les points d'entrée de la ville côtière de Kherson (sud, 290.000 habitants), plus à l'ouest. Malgré une pression occidentale de plus en plus forte, et des manifestations contre la guerre dans de nombreux pays, Vladimir Poutine maintient ses exigences. Lors d'un échange lundi avec Emmanuel Macron, il a posé comme conditions la reconnaissance de la Crimée en tant que territoire russe, et la démilitarisation et «dénazification» de l'Ukraine, au moment où se tenaient de premiers pourparlers russo-ukrainiens. Les délégations russe et ukrainienne se sont séparées quelques heures après pour des «consultations dans leurs capitales» respectives, sans faire de déclarations sinon qu'elles pourraient se retrouver bientôt. Le conflit a jeté sur les routes des flots d'Ukrainiens, dont plus de 500.000 ont fui vers les pays voisins, a déclaré lundi le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés. L'UE s'attend à plus de sept millions de personnes déplacées. Les forces russes n'ont jusqu'ici fourni aucun bilan de ce qu'ils qualifient d'opération militaire spéciale», mais ont reconnu des pertes sans autre précision.