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"La diversification de nos partenaires va atténuer l'impact de la crise"
MOURAD OUCHICHI, PROFESSEUR D'ECONOMIE À L'UNIVERSITE DE BEJAIA
Publié dans Liberté le 09 - 03 - 2022

Liberté : Les symptômes d'une nouvelle crise économique mondiale sont omniprésents. Pensez-vous que cette crise serait plutôt inévitable si le conflit ukrainien venait à s'inscrire dans la durée ?
Mourad Ouchichi : Depuis au moins la chute de l'URSS et l'accélération de la mondialisation, les économies du monde sont devenues interdépendantes, à tel point que le moindre frémissement dans n'importe quel coin de la planète se fait sentir par une grande partie du reste du monde. Surtout quand il s'agit d'un conflit d'une telle ampleur impliquant à la fois des puissances économiques, politiques et militaires qui font tourner le monde. Dès le premier jour du conflit, le dérèglement de la matrice économique mondiale a été enclenché en s'accélérant. Fait aggravant, cette crise se greffe sur celle produite par les effets économiques de la pandémie de Covid-19, dont les conséquences ne se sont pas encore manifestées totalement. Les conséquences immédiates, comme vous l'avez souligné dans votre question, sont une augmentation vertigineuse des cours des matières premières. À titre d'exemple, le degré de dépendance au gaz russe varie énormément d'un pays européen à l'autre. Finalement, c'est l'Allemagne, à qui la Russie fournit 55% de son gaz, qui apparaît comme le talon d'Achille, et cela explique les conséquences sur la formation des prix des produits énergétiques, agricoles et industriels. Cela provoque une vague inflationniste qui s'exportera et se généralisera inévitablement sur l'ensemble des économies du monde. Bien évidemment, des régions seront moins touchées que d'autres. Nous pensons notamment à plusieurs pays d'Asie et d'Amérique du Nord, de par leurs positions relativement éloignées de la zone du conflit et leur relative "autonomie".
En revanche, si le conflit perdure et que les sanctions économiques contre la Russie se durcissent, la perspective d'une crise économique mondiale est inévitable. Et elle sera plus violente que celle de 1929, eu égard à la densité et à l'interdépendance extrême des relations économiques et des échanges commerciaux internationaux. Plusieurs dirigeants, notamment européens, tentent, tant bien que mal, de minimiser l'ampleur de cette crise à venir, certes pour rassurer leurs opinions publiques et ne pas affoler leurs milieux d'affaires, mais tout indique que l'économie mondiale ne sortira pas indemne de ce conflit, surtout s'il dure dans le temps. Une certitude : les relations politiques et économiques internationales vont connaître des bouleversements profonds et des reconfigurations totalement différentes de celles que l'on a connues jusque-là.
Vous venez de dire que l'impact variera d'un pays à un autre. D'après vous, quelles sont les économies qui en pâtiront le plus ?
Il est difficile de donner une estimation des pertes et des gains par économies. Cela nécessite une étude approfondie que seuls les grands centres de recherche peuvent mener en peu de temps. Et encore, les statistiques vont être précieuses pour élaborer des modèles macroéconomiques, mais dans un tel contexte de guerre, tous les joueurs vont essayer de garder l'information au profit de leurs propres intérêts.
Cependant, on peut d'ores et déjà faire un classement par zone et/ou niveau de développement. Il y a, d'un côté, les économies de l'Union européenne qui subiront à la fois les effets d'augmentation des prix internationaux des hydrocarbures et des matières premières. De toute évidence, les pays de l'UE ne seront pas impactés de la même ampleur, mais globalement, ce sera le cas. Viennent ensuite les pays en voie de développement dépendant des importations, notamment de produits alimentaires. Les pays d'Asie seront certainement les moins touchés car pouvant échanger entre eux, comme une alternative aux échanges avec ceux en crise.
Les grands gagnants de ce conflit seront les états-Unis en premier lieu – comme ce fut le cas lors de la Seconde Guerre mondiale – et les nouvelles puissances, telles que la Chine, l'Inde, etc.
Pour ce qui est de la Russie, il serait très difficile d'évaluer avec exactitude les répercussions sur son économie. Certes, les sanctions européennes et américaines vont peser lourdement sur l'économie russe, mais elle a, pour l'instant, des capacités de compensation du fait de l'augmentation des prix des hydrocarbures, du blé et autres matières premières. Sur ce point précis, il y a lieu de souligner que les sanctions économiques occidentales contre la Russie ne seront que d'une portée limitée pour plusieurs raisons : il est tout à fait logique que la Russie se soit déjà préparée à cette éventualité, d'autant plus qu'elle a déjà eu l'expérience en 2014, lors de l'annexion de la Crimée. Ensuite, concernant son exclusion du système Swift, il est clair que les exportations de matières premières russes pourraient être bloquées par les sanctions monétaires et le Swift. Cela risque de provoquer des ruptures dans les chaînes d'approvisionnement en matériaux-clés, notamment le cobalt, le palladium, le nickel et l'aluminium. Cependant, la Russie peut se rabattre sur le système chinois de règlement des transactions internationales. Son atout majeur est la dépendance européenne de son gaz et pétrole. Il est, d'ailleurs, significatif de constater que ces produits sont épargnés par les sanctions occidentales. Les seules conséquences négatives à court terme seront la perte de la valeur du rouble et quelques dommages collatéraux qui toucheront davantage les hommes d'affaires russes ayant de fortes relations commerciales avec les pays de l'Union européenne.
Voyez-vous de possibles conséquences sur l'Algérie, en tant que pays exportateur de pétrole et de gaz et importateur de biens alimentaires de base ?
Le manque de statistiques et la carence de la communication officielle sur les questions économiques rendent difficile de quantifier en peu de temps les conséquences possibles du conflit russo-ukranien sur l'économie nationale. Cependant, quelques prévisions sont fort probables. À court terme, l'Algérie bénéficiera de l'augmentation des cours du pétrole — qui avoisinent actuellement les 130 dollars/baril, un prix jamais atteint depuis 2014 – et du gaz et ne subira pas de pertes en termes d'importation de biens alimentaires de base, tels que le blé (environ 400 euros la tonne), même si son prix connaît une augmentation, car contrairement au marché des hydrocarbures, celui des produits alimentaires se fait à base de contrats d'importation dont les prix ont été fixés avant que le conflit n'éclate. Mais si le conflit dure dans le temps, il est tout à fait clair que le pays verra sa facture d'importation exploser en raison de sa forte dépendance de l'importation des biens alimentaires. Ce pourquoi, il est nécessaire d'accélérer la diversification des partenaires, aussi bien en exportation qu'en importation. C'est une stratégie qui paye à tous les coups. Sur ce plan, il est à noter que l'Algérie a toujours fait dans la diversification de ses partenaires commerciaux. Cela va certainement atténuer l'impact de cette crise sur son économie.

Propos recueillis par : Ali T.


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