L'avenir est lourdement plombé avec la crainte d'une flambée générale des prix de l'énergie ainsi que des produits alimentaires stratégiques (blé, maïs, café etc.). Anticipant ces conséquences prévisibles, les marchés mondiaux étaient ces deux derniers jours largement dans le rouge, alors que les observateurs s'attendent à un impact sur l'inflation. Les Bourses ont réagi négativement aux derniers évènements, accusant des chutes diverses et même l'indice européen de référence (Eurostoxx) s'en est trouvé affecté. Seules les places asiatiques ont échappé au séisme qui a logiquement secoué les matières premières dont le pétrole qui flirte avec des sommets, jamais atteints depuis 2014! Cependant, malgré ces données préoccupantes, l'offensive russe en Ukraine se poursuit inexorablement tandis que la menace nucléaire, évoquée par le président Vladimir Poutine, a provoqué durant quelques heures un véritable vent de panique dans le monde et plus particulièrement aux Nations unies. Pendant ce temps, les pourparlers entre Russes et Ukrainiens engagés sur la frontière de la Biélorussie sont observés avec attention pendant que les Européens multiplient les annonces selon lesquelles ils vont fournir des armes à Kiev. Pour l'instant, ces négociations n'ont pas encore repris et la volonté de Moscou de les poursuivre n'a pas eu pour effet de rassurer les marchés. La décision des pays occidentaux d'exclure la Russie du système Swift, un rouage essentiel de l'économie mondiale, est vue comme un coup fatal porté à l'économie russe mais elle ne bloque pas totalement les échanges entre Moscou et certains de ses partenaires. Tout au plus, elle peut les rendre moins sûrs et plus lents. Et malgré la paralysie de ses actifs, la Banque centrale russe a les moyens de contourner le blocage de l'accès aux marchés des capitaux internationaux. D'ailleurs, elle est parvenue à enrayer l'effondrement du rouble qui a perdu lundi plus de 30% de sa valeur en augmentant fortement son taux directeur (plus 20%). Les analystes sont unanimes à considérer que les sanctions occidentales vont avoir un effet boomerang et provoquer, outre une nette envolée des prix des énergies (gaz et pétrole) des impacts inflationnistes immédiats qui ne manqueront pas d'impacter négativement la croissance mondiale. En témoignent les prix du pétrole à plus de 100 dollars le baril et ceux du gaz dont le contrat de référence a surenchéri de 23%, justifiant la crainte de plusieurs capitales européennes, dont l'Allemagne et l'Italie. Et ce n'est pas tout, car les prix du blé tendre (plus 4,5%) pour ne citer que ce produit très couru se sont eux aussi envolés, la Russie et l'Ukraine étant tous deux des fournisseurs essentiels des matières premières précitées. Quant à la situation des banques européennes, au lendemain de l'exclusion de la Russie du système Swift, elle n'est pas du tout reluisante, Commerzban et Deutsche Bank ayant perdu 7,3% tandis que Société Générale et BNP accusent 8,5 et 9,7% de repli.