Des souscripteurs affirment s'être endettés pour pouvoir payer leur loyer, alors que d'autres continuent de vivre dans leurs anciens logements, exigus et qui menacent ruine. Cela fait plus de deux ans que les prébénéficiaires de 96 logements sociaux de type public locatif (LPL) de la commune d'Oued Ghir, dans la wilaya de Béjaïa, se morfondent dans l'angoisse et l'incertitude. "C'est une attente interminable, qui semble se prolonger indéfiniment. Nous ne savons même pas si nous allons intégrer un jour ces logements, qui commencent d'ailleurs à donner des signes patents de dégradation", désespère un souscripteur ayant figuré sur la liste des prébénéficiaires. "Nous n'avons eu de cesse d'interpeller les autorités, qu'elles soient locales ou de wilaya, sur la nécessité d'accélérer la procédure de distribution de ces appartements. Hélas, nous n'avons jamais eu de suite favorable à nos doléances. On nous a souvent signifié que le problème serait réglé dans un avenir proche. D'autres instances administratives nous ont opposé un silence paradoxal", enchaîne notre interlocuteur. Un attributaire inscrit sur la liste préliminaire souligne, pour sa part, que la dernière information en date communiquée par l'administration en charge de la gestion de ce dossier du logement faisait état de la relance de l'examen des demandes de recours. "C'est une rengaine qu'on nous a toujours sortie, histoire de calmer les esprits. À vrai dire, personne ne sait ce qui l'en est au juste, car l'étude des dossiers des postulants s'est toujours faite dans l'opacité la plus totale", conteste-t-il. Contacté par nos soins, un responsable de la direction du logement, qui a requis l'anonymat, a laissé entendre que le problème est en passe de connaître son épilogue. "L'étude des recours se poursuit sans accrocs. La tâche est ardue, eu égard au nombre élevé des dossiers à examiner par la commission de recours. La flambée de la Covid-19 a quelque peu perturbé le travail de cette commission, mais avec la décrue de la maladie, les choses reprennent leur cours normal. Les demandeurs se doivent de faire preuve de compréhension et de patience, car personne ne devrait être lésé de ses droits", a-t-il indiqué. En dépit de ses déclarations rassurantes, bien des souscripteurs ont la certitude chevillée que la distribution de ces logements n'est pas pour demain. "À force de fausses promesses, on devient forcément incrédule. On ne peut plus accorder du crédit aux déclarations des responsables de l'administration. Nous voulons du concret, pas des déclarations d'intention", peste une dame, qui se considère comme une SDF. "Je crèche, avec mes enfants, dans une masure menaçant ruine. Doit-on attendre que le toit de ce taudis nous tombe sur la tête pour daigner nous reloger dans des conditions dignes ?" lâche-t-elle, sur une pointe d'ironie mêlée de dépit. Tout aussi désemparés et gagnés par la désespérance, certains souscripteurs logés chez le privé confient consacrer une bonne proportion du budget familial au loyer exorbitant avec, qui plus est, l'obligation d'un règlement anticipé, sous peine d'expulsion. "Beaucoup de locataires au maigre revenu se retrouvent pris à la gorge et attendent fébrilement de prendre possession d'un logement social pour sortir de cet enfer. Moi-même, j'ai dû m'endetter pour honorer mes échéances locatives. Mon salaire famélique ne suffit même pas à faire face aux dépenses de base", se désole un citoyen souscripteur au logement LPL, issu du village Ibourassen. Et de conclure : "Nous ne demandons qu'une chose : nous délivrer au plus vite de cette situation intenable. Nous sommes prêts à accepter un mauvais coup du sort, pour peu que la distribution de ces logements sociaux soit transparente et équitable."