Vingt-quatre personnes ont été placées sous mandat de dépôt pour avoir dissimulé des biens issus du "crime résultant d'infractions liées à la grande corruption et au blanchiment d'argent". Le pot aux roses. La Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a rendu publique, hier, la liste des biens dissimulés depuis 2019 aux enquêteurs et à la justice par des membres de la famille de l'homme d'affaires Mahieddine Tahkout et certains de ses associés. Soigneusement cachés dans des entrepôts situés à Ouled Fayet, Reghaïa, Dar El-Beïda, Staouéli, Alger, mais aussi dans un entrepôt à Béchar, ces biens saisis par la division centrale de lutte contre le crime organisé et la police judiciaire de la sûreté d'Alger, sont composés de 507 véhicules, dont 267 voitures de tourisme de luxe qui coûteraient des dizaines de millions de dinars. Dans ce lot découvert, l'on trouve également 84 camions de diverses marques, des jet-skis, des bateaux de plaisance, des motos de luxe, plus de 800 grands cartons contenant des pièces de voiture et 30 conteneurs renfermant 63 nouveaux moteurs pour autobus. Les services en charge de cette saisie ont pris soin de filmer ces biens dissimulés dans de vulgaires entrepôts et qui se trouvent dans un état lamentable. Selon la DGSN, la valeur des saisies est estimée à 10 milliards de dinars (1000 Milirads de centimes). La vidéo de la DGSN a également montré une partie des véhicules, dont les plaques d'immatriculation sont trafiquées pour tromper la vigilance des services de sécurité et des enquêteurs, alors qu'une autre partie de ces véhicules faisait l'objet de démarches de régularisation administrative au niveau des communes et des daïras. Ces biens ont "volontairement" été dissimulés par des membres de la famille de l'ancien homme d'affaires et certains de ses proches dans le but de les transférer dans des entrepôts puis de les vendre illégalement sur le marché. Pis encore, la même source a indiqué que ces véhicules et biens saisis n'ont pas été inventoriés alors que la justice avait bel et bien désigné un administrateur judiciaire pour justement gérer une situation conflictuelle née au lendemain de l'emprisonnement des patrons d'entreprises privées inculpés pour corruption, blanchiment d'argent, transfert illégal de devises de et vers l'étranger. Mais l'inspection de ces entrepôts, le week-end dernier, a, encore une fois, montré l'ampleur de l'affaire Tahkout, de sa famille, de ses proches et de ses associés. Comment ces véhicules ont-ils été introduits sur le sol algérien, sachant que le groupe Tahkout était propriétaire de l'usine de montage de véhicule et comment ont-ils été dédouanés ? Comment les auteurs présumés ont-ils pu opérer au détriment des enquêteurs et de la justice, mais aussi de l'administrateur judiciaire censé détenir l'inventaire de tous les biens mobiliers et immobiliers du groupe Tahkout ? Autant d'interrogations auxquelles l'instruction devra apporter des réponses dans les tout prochains jours. Dans le sillage de cette importante découverte, pas moins de 24 suspects, dont des membres de la famille de l'ancien homme d'affaires Mahieddine Tahkout et certains de ses associés, ont été arrêtés lors de cette saisie. Ces derniers ont tous été présentés devant le parquet compétent pour avoir dissimulé des biens issus du crime, résultant d'infractions liées à la grande corruption, au blanchiment d'argent et pour avoir dissimulé leur origine criminelle, ce qui constitue, aux yeux de la loi, une circonstance aggravante. Placés sous mandat de dépôt, les mis en cause répondront devant les juridictions compétentes de la manière avec laquelle ils ont détourné ces biens censés figurer dans l'enquête préliminaire, quand Mahieddine Tahkout a été arrêté en 2019. Ce fait inédit depuis l'ouverture du dossier automobile dans les tribunaux et les cours de justice intervient au moment où plusieurs hommes d'affaires impliqués dans les dossiers de corruption font l'objet de saisies de biens mobiliers et immobiliers. Jugé et condamné à seize ans de prison ferme dans l'affaire de l'automobile, Mahieddine Tahkout aura ainsi de nouveaux soucis avec la justice.