La justice est passée à l'action. Elle accélère, même, la cadence. Lancé le 15 février dernier par le pôle financier, l'opération de perquisition, mise sous scellés, saisie et confiscation de biens appartenant à d'anciens hauts fonctionnaires de l'Etat et hommes d'affaires ainsi qu'aux membres de leurs familles, poursuivis et condamnés dans des affaires de corruption et de blanchiment d'argent, se poursuit toujours. Une opération ayant ciblé déjà une vingtaine de personnalités. Une opération déclenchée suite à la tentative de vente de deux luxueux appartements à Paris d'une valeur supérieure à 450 millions de dinars (2,8 millions d'euros) appartenant à l'ancien ministre de l'Industrie Abdessalem Bouchouareb, condamné par contumace par quatre décisions de justice à 80 ans de prison. Tandis que les démarches entreprises par les ministres de la Justice, de l'Intérieur et des Affaires étrangères auprès de certains pays pour l'extradition des Algériens qui se sont réfugiés pour échapper à la justice, sont en cours d'accomplissement. D'innombrables biens, non déclarés, appartenant à Mahieddine Tahkout, ont été saisis la semaine dernière par les services de sécurité nationales, selon un communiqué de la direction générale de la Sûreté nationale. Un communiqué accompagné d'images et de vidéos montrant l'ampleur de la saisie effectuée. Un trésor caché. Voitures de luxe, des Jets ski motos, bateaux de plaisance? des camions et autres moteurs de bus. Des biens non déclarés, à la garde judiciaire, ni aux autorités judiciaires compétentes, dans le but de les convertir et de les vendre illégalement. Le communiqué de la Dgsn a confirmé l'implication de 24 suspects dans cette affaire, dont des membres de la famille de l'ancien homme d'affaires Mahieddine Tahkout et certains de ses proches, qui on été traduits devant le parquet compétent pour recel de produits criminels de corruption, de blanchiment d'argent et dissimulation des produits de crime en dissimulant leur source criminelle. Une saisie d'une valeur globale de 10 milliards de dinars. C'est dire la détermination des pouvoirs publics à lutter contre la corruption et à récupérer l'argent pillé et les biens mal acquis. Les propos du président de la République Abdelmadjid Tebboune sur la récupération des biens mal acquis et la déclaration du Premier ministre Aïmene Benabderrahmane annonçant que l'Etat ne cédera sur aucun dinar volé ou détourné, ni aucune parcelle de terrain pillée ou détournée de sa vocation, sont loin d'être de vains discours. Les familles des Abdelmalek Sellal, Ahmed Ouyahia, de Abdessalem Bouchouareb, de Abdelaziz Baraki, de Amar Ghoul, de Abdelkader Kadi, de Tayeb Louh, de l'ancien Dgsn Abdelghani Hamel, des frères Kouninef, d'Ali Haddad, de Mahieddine Tahkout, de Hocine Metidjii, P-DG du groupe éponyme, de l'ancien chef du protocole à la Présidence, Mokhtar Reguieg, et autres peuvent en témoigner. Tous leurs biens mal acquis ont été saisis. Des usines, des villas, des bateaux de plaisance, des appartements, des lots de terrains, des immeubles, des voitures, des bijoux et des avoirs bancaires. Un bien mal acquis ne profite jamais. Début janvier, le chef de l'Etat a ordonné, lors d'un Conseil des ministres, d'achever l'opération de transfert des biens confisqués au secteur public marchand avant la fin du premier trimestre 2022. Selon des sources, en un mois ce sont plus de 4 milliards d'euros (plus de 600 milliards de dinars) de biens appartenant à d'ex-responsables de l'ancien régime qui ont été saisis et qui seront versés dans un fonds spécial créé en vertu de l'article 43 de la loi de finances complémentaire 2021. Ce fonds réunit les sommes récupérées à l'étranger, ainsi que le produit de la vente des biens saisis après décision judiciaire définitive. Ce compte sera également affecté au règlement des frais liés à l'exécution des procédures de confiscation, de récupération et de vente, ainsi qu'à l'apurement des dettes grevant les biens saisis. Par ces opérations de saisie et de récupération, les pouvoirs publics ont démontré que la lutte contre la corruption et les corrupteurs est loin d'être un simple slogan de campagne. Une manière forte et légale de rendre la confiance entre le citoyen et les institutions de l'Etat.