La nouvelle de la disparition de notre ami et collègue, Kamel Ghimouze, est tombée tel un couperet hier à la mi-journée, nous plongeant dans une infinie tristesse. On l'attendait, certes. Kamel souffrait d'un mal qui le rongeait depuis quelques mois déjà. Mais on savait aussi qu'il était un battant, lui qui, sa vie durant, n'était pas seulement un journaliste. Il était, en effet, de tous les combats, de toutes les causes justes. Engagé, il l'était jusqu'au bout des ongles. En notre for intérieur, on espérait tout de même que la maladie lui accorderait un répit. Le destin en a décidé autrement. Il nous quitte alors qu'il avait encore toute la vie devant lui. Il n'avait que 56 ans. Il rejoint Liberté en 2017 après avoir roulé sa bosse dans les rédactions algéroises et constantinoises. Être aux qualités humaines incommensurables, Kamel Ghimouze est resté fidèle à tout ce qui fonde le métier de journaliste : c'est-à-dire l'engagement, la passion, l'humilité et l'altruisme. Être à l'écoute des soubresauts de la société, des complaintes des plus humbles, des luttes politiques, sociales et culturelles des hommes et des femmes, Kamel en a fait davantage qu'une vocation, un sacerdoce. Sa belle plume, ses connaissances du métier et son sens du contact facile ont fait qu'il passe d'une rédaction à une autre avec une facilité déconcertante. Après un passage au journal Le Matin, il a rejoint Le Soir d'Algérie où il a travaillé durant de nombreuses années d'abord à la rédaction centrale à Alger, puis au bureau de Constantine. Et c'est fin 2017 qu'il a été chargé de diriger le bureau de Liberté à Constantine. Mais comme ses compétences dépassaient largement celles d'un simple correspondant de presse locale, il fut parmi les journalistes exerçant aux bureaux régionaux de Liberté à être souvent sollicité par le staff du journal pour des articles de fond. Ce qui n'était pas pour lui déplaire, lui qui était habitué au travail dans les rédactions centrales. Loin s'en faut. Il se proposait même de traiter des sujets à portée nationale, sous forme de papiers, de reportages ou d'entretien. Connu pour être un progressiste convaincu, il était de toutes les actions et initiatives entreprises pour défendre les droits de l'homme et les droits des femmes. L'enfant de Cirta était également un fervent défenseur de la cause amazighe et n'hésitait pas à l'afficher lors des nombreuses marches du Hirak auxquelles il avait pris part. Hirakiste invétéré, Kamel battait, tous les vendredis, le pavé de sa ville pour réclamer un changement pacifique dans le sens de la démocratisation du pays. Drapeau national et emblème amazigh sur le dos, appareil photo en bandoulière, il était souvent accompagné de son fils et de sa fille qu'il initiait ainsi aux luttes pour les libertés et la citoyenneté. C'est dire que Kamel Ghimouze, plus qu'un observateur averti, était un acteur de premier plan de la vie locale à Constantine. Aujourd'hui, il quitte ce monde presque sur la pointe des pieds, laissant derrière lui sa famille et ses amis dans une incommensurable affliction. Il repose pour l'éternité depuis hier au cimetière d'Aïn Smara.