Le chef du service endocrinologie et diabétologie du CHU Ben-Badis à Constantine, le professeur Nassim Nouri, recommande une évaluation pré-Ramadhan des patients atteints de diabète, six ou huit semaines avant le début du mois sacré. Cette analyse de l'état de santé du diabétique permettra au médecin de savoir si son malade pourra jeûner ou non. Suivant des paramètres bien déterminés, il a été établi ainsi un score qui définit trois situations différentes, indique le Pr Nouri. "De 0 à 3, le diabétique est capable de jeûner aisément. De 3,5 à 6, le risque de jeûner est modéré. Si le score est supérieur à 6, faire le jeûne représente pour le diabétique un haut risque", a expliqué ce diabétologue au cours d'une conférence qu'il a animée samedi à Alger, sur invitation des laboratoires Hikma. Si le jeûne du Ramadhan risque de porter atteinte à la santé du diabétique, le médecin lui conseille de ne pas jeûner, a affirmé le Pr Nouri lors de cette session de formation sur le thème "Diabète et Ramadan", organisée par Hikma au profit des journalistes. "Il faut appliquer une éducation thérapeutique pour le diabétique avant le mois du jeûne", préconise le Pr Nouri. Encore faut-il convaincre ces malades de ne pas jeûner, eux qui refusent de rater une telle occasion. Ce spécialiste est largement revenu sur les meilleures manières de préparer le mois sacré et de le vivre dans de meilleures conditions sanitaires, tout en maintenant les différents traitements. Il a également abordé les caractéristiques du diabète des types 1 et 2. Ces dernières années ont vu l'arrivée, affirme-t-il, de deux nouvelles classes thérapeutiques : les analogues du glucagon-like peptide-1 (GLP-1) et les inhibiteurs de la dipeptidyl-peptidase (DPP)-4 (ou gliptines) qui prolongent la demi-vie du GLP-1, dont les actions biologiques se sont révélées d'un intérêt pharmacologique certain dans le traitement du diabète de type 2. Car il a été constaté que les traitements actuels du diabète de type 2 ne sont pas toujours pleinement satisfaisants, d'autant plus qu'ils n'agissent ni sur la perte de poids ni sur l'amélioration de la fonction des cellules β du pancréas. Ces molécules peuvent, de ce fait, être associées aux autres médicaments antidiabétiques déjà connus, tels que le Glucophage, selon certaines conditions liées à l'ancienneté du diabète du malade, la sécrétion de l'insuline... Nassim Nouri évoque aussi la SGLT2, une nouvelle classe d'hypoglycémiants oraux commercialisés depuis 2015. Cet antidiabétique assure une protection pour le malade sur le plan cardiovasculaire. En Algérie, l'on dénombre entre 3 et 4 millions de diabétiques. D'autres sources avancent un taux de 14% de l'ensemble de la population. Toutefois, "près de 50% sont des diabètes méconnus", relève le Pr Nouri.