Le Parlement du Salvador, à la demande du président Nayib Bukele, a approuvé, dimanche soir, l'instauration de l'état d'urgence pour un mois dans ce petit pays d'Amérique centrale afin de lutter contre la violence des gangs criminels, accusés d'avoir commis 62 meurtres en 24 heures. Le décret, approuvé par une large majorité du Parlement, dispose qu'"un régime d'urgence est déclaré sur l'ensemble du territoire national en raison de graves troubles à l'ordre public par des groupes criminels". Il restreint la liberté de réunion, l'inviolabilité de la correspondance et des communications, le droit à voir un avocat en détention et autorise les arrestations sans mandat. M. Bukele a également décrété "l'alerte maximale" dans toutes les prisons. "Toutes les cellules seront fermées 24h sur 24h et 7 jours sur 7, personne n'est autorisé à en sortir", a tweeté le Président. "C'est un message adressé aux gangs : à cause de vos agissements, vos 'gars' ne verront pas un rayon de soleil." Munis de fusils d'assaut et équipés de gilets pare-balles, des policiers et des militaires patrouillent les rues tout en procédant à des arrestations. Selon le bilan officiel, le département central de La Libertad a enregistré depuis vendredi 12 homicides, suivi par la capitale San Salvador et par le département d'Ahuachapan (ouest), avec neuf meurtres chacun. Le reste est réparti dans les 11 autres départements du pays. La police et l'armée du Salvador ont lancé samedi une opération contre la Mara Salvatrucha, un des plus dangereux gangs du pays. Plusieurs chefs du gang ont été arrêtés et sont accusés d'être "responsables des homicides recensés ces dernières heures", a indiqué la police. Les autorités ont précisé dimanche soir que "plus de 600 membres de gangs" ont été arrêtés. La Mara Salvatrucha, Barrio 18 et d'autres gangs vivant principalement du trafic de drogue et de l'extorsion comptent environ 70 000 membres au Salvador, dont plus de 17 000 sont incarcérés, selon les autorités. Le président salvadorien, âgé de 40 ans et au pouvoir depuis 2019, bénéficie d'une forte popularité due notamment à ses promesses de lutter contre le crime organisé. Le Salvador a recensé 1 140 homicides en 2021 – soit 18 pour 100 000 habitants –, le chiffre le plus bas depuis la fin de la guerre civile, en 1992.