L'œuvre livresque d'Aïssa Kasmi se feuillette tel un carnet de souvenirs où se conte le tout Toudja par l'image, dont les portraits de ses aïeux nés après l'an 1900. Sitôt plié l'épisode de Toudja mon beau village (2020) que déjà s'est ouvert l'acte 2 de Toudja images et visages de la plume d'Aïssa Kasmi qui s'est habillé pour la circonstance, de l'uniforme de guide pour présenter les scènes de vie d'autrefois à Toudja d'avant 1954, mais aussi les femmes et les hommes auxquels il a inoculé un second souffle de vie. Est-ce à dire que Toudja est femme ? Apparemment oui ! Du fait que la douce moitié de l'homme est à la fontaine, puis au moulin afin de s'assurer du bien-être de la paysannerie au retour du labeur dans les champs. Epris de son village, Aïssa Kasmi y narre tantôt la guerre et tantôt l'image de Toudja libérée, mais meurtrie. Donc autant y aller à la lisière de la vallée de la Soummam en Kabylie et au nord de Béjaïa que longe l'exquise mer Méditerranée, pour y visiter le village de Toudja qui n'est qu'à une petite bourgade à l'instar de tant d'autres bourgs, mais qui, évidemment, n'est à l'image ni au portrait d'aucun autre village. En ce lieu où l'homme s'irrigue l'âme de l'eau bienfaitrice, "il y a une grosse source d'eau, qui était portée dans la ville par des aqueducs qui sont à présent ruinés. Mais on pourrait rétablir en peu de temps et presque sans frais" qu'il disait au XVIIe siècle le diplomate Laurent, chevalier d'Arvieux (1635-1702). Dans cet ordre d'idées, si l'Aïn de Bir-Djebah ou le puits de l'apiculteur de la Casbah d'Alger évoque l'épopée héroïque des fidaïns de l'historique zone autonome d'Alger, en revanche, les sources de Toudja ravivent le souvenir des moudjahidine tombés au champ d'honneur et les survivants qui ont réussi à passer à travers les mailles du rideau des feux de l'enfer de la sinistre opération "Jumelles" (du 22 juillet 1959 à mars 1960) dans la Wilaya 3 que défendaient les colonels Abderrahmane Mir (1922-1959), dit Mira ou le Tigre de la Soummam et Akli Mokrane dit Mohand Oulhadj (1911-1972) face au sinistre général de l'armée aérienne, Maurice Prosper Félix Challe (1905-1979). Et sitôt Passée l'onde de feu et de choc de la guerre, le village de Toudja n'a eu de cesse de panser ses blessures et prospérer à l'ombre de l'historicité de son avant-garde révolutionnaire qui reste à inclure dans nos manuels scolaires. Pour ce faire, l'idéal et d'interroger les sources millénaires de Toudja qui s'accolent au-dessus de la saillie de la roche de Takalats, d'où ruissellent également le reflet des "visages" en noir de deuil et blanc des linceuls de nos martyrs de l'Ainseur. Mieux, et à y ouïr de près le clapotis de l'eau de Toudja, celle-ci s'est enjolivée du cristallin pour y accueillir la lumière d'"images" de ce contingent d'anonymes (moudjahidine) qui s'étaient enrôlés dans les rangs de l'ALN pour désenchaîner l'Algérie des fers de l'immonde joug colonial français. C'est dire l'immensité de la tâche à laquelle s'est astreint Aïssa Kasmi pour y "panthéoniser" ces résistants dans l'album de photos qu'il a paraphé du sceau "Aux grands hommes la patrie reconnaissante" envers nos chouhada. Dans cette optique, l'œuvre livresque d'Aïssa Kasmi se feuillette tel un carnet de souvenirs où se conte le tout Toudja par l'image, dont les portraits de ses aïeux nés après l'an 1900. L'un dans l'autre, le "Toudja images et visages" est un complément d'informations qui vient en annexe de Toudja mon beau village afin de rendre justice à une foule de personnages qui hantent l'existence de l'auteur Aïssa Kasmis. Voilà qui est fait. Gloire à nos martyrs.