RESUME : Samir est contraint à les recevoir. Il ne leur cache rien. Si son père compatit, ce n'est pas le cas de sa mère. Alors qu'elle prépare le dîner, il en profite pour se mettre au lit. L'unique solution pour éviter ses questions… Même si Fathma meurt d'envie de discuter avec son fils, son mari l'empêche d'aller le déranger. - Laisse-le tranquille ! - Mais il n'a pas dîné ! réplique Fathma. - Il mangera quand il aura faim. Tu auras tout le temps de le voir demain, après-demain… Tu ne penses pas rentrer à la maison et le laisser seul ? Fathma est heureuse qu'il y ait aussi pensé. Ils dînent tranquillement sans faire de bruit pour ne pas déranger leur fils dans son sommeil. Ils ne tardent pas à se coucher. Samir ne dort pas. Il est trop perturbé par l'attitude de sa femme et son inquiétude l'empêche de fermer l'œil. Le matin, il évite de faire du bruit en sortant de sa chambre. Il prend une douche rapide et il ne perd pas son temps. Il se rend à l'hôpital et quand il entre dans la chambre, il trouve Mouna endormie. Avant de sortir, il a apporté un petit thermo qu'il a rempli de lait chaud au café du coin. Il a aussi pris des croissants. Il entre silencieusement dans la chambre et les pose sur la table. Elle les prendra à son réveil. Dans le couloir, il se rend au bureau des infirmières. Il y trouve le médecin de garde. - Le professeur H. de cardiologie travaille-t-elle aujourd'hui ? - non, demain. Samir ne reste pas. Il connaît les sentiments de sa femme et il ne veut pas lui gâcher la journée. Si elle a besoin de temps pour se remettre, il lui en donnera autant qu'il faut. Il retourne à la maison. Ses parents se sont levés entre-temps. Son père est parti et sa mère s'occupe de la maison. Elle a le visage des mauvais jours et elle ne sait pas jouer la comédie. - Pourquoi ne m'as-tu pas réveillée ? lui reproche-t-elle. Je voulais venir avec toi, la pauvre… Samir ne peut s'empêcher de lâcher un rire sans joie. - “La pauvre”, maman, il n'y a aucune compassion dans ta voix. Je comprends que tu veuilles la voir à tout prix, quitte à verser des larmes de crocodile mais tu sembles oublier que je souffre. J'ai de la peine pour ma femme. Je peux vivre sans enfant mais sans elle, je peux te dire et même te jurer que je ne le pourrai jamais ! - ça, je le sais depuis des années, réplique-t-elle avec un air de regret. Et je l'ai accepté depuis longtemps. - Maman, dois-je te rafraîchir la mémoire ? Depuis qu'elle est tombée enceinte, tu n'as pas cessé de lui mettre la pression. - C'était pour que le bébé sente que je suis là. Et puis, si Dieu m'a écoutée, ajoute-t-elle, c'est que je devais avoir raison. - Maman, pourquoi aimes-tu te quereller avec moi, avec ma femme ? Pourquoi mes autres frères sont épargnés ? l'interroge-t-il. - Eux, ils m'écoutent au doigt et à l'œil ! - J'ai du mal à te croire, réplique Samir. Tu es une mère qui adore se mêler de ce qui ne la regarde pas, qui sort ses griffes à chaque fois que la situation lui échappe. Si bien que personne ne fréquente ta maison. - Je vois que tu as hérité de ma mauvaise langue, plaisante-t-elle. Viens prendre ton petit-déjeuner. Samir ne refuse pas. Il le prend en sa compagnie. Elle ne le laisse pas une seconde tranquille, espérant à force de lui poser des questions, lui arracher la vérité. Mais la vérité, sa mère est la dernière personne à qui il la dirait. Il ne veut pas lui donner plus de joie. Il regrette de la voir aussi dure et aussi indifférente à son malheur. Il comprend qu'elle ne voit pas les choses du même œil que lui. Il la sent déjà venir avec ses idées de remariage. Pour elle, ce malheur tombe au bon moment… (À suivre) A. K.