Une commission rogatoire a même été exigée par les avocats sur les exactions commises mais elle n'a pas encore été prise en considération. C'est le troisième et ultime recours que les membres du collectif des avocats du mouvement citoyen ont introduit, hier, au niveau de la chambre près la Cour suprême, suite au non-lieu signifié par les juges instructeurs d'abord, puis par la Chambre d'accusation de la cour de Tizi Ouzou, concernant les plaintes des parents de victimes du Printemps noir. Il s'agit d'un pourvoi en cassation des arrêts de la Chambre d'accusation au niveau de la cour de Tizi Ouzou concernant la confirmation des ordonnances de non-lieu des juges instructeurs pour plaintes contre X des dossiers de blessés et victimes de blessures par armes blanches ou à feu, lors des évènements sanglants de Kabylie. Environ 500 plaintes ont été déposées il y a presque deux années de cela sur le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou, indiquent les avocats du collectif, dont les seules réponses réservées sont des non-lieux — pour une trentaine de dossiers — alors qu'aucune suite n'a encore été accordée à ce jour pour les cas restants. Les plaintes, déposées contre X, sachant que des témoignages contenus dans les dossiers sont exhaustifs, les victimes ou témoins désignant du doigt des gendarmes parfois avec leurs noms et descriptions et contenant également de nombreuses pièces à conviction, n'ont donc pas abouti. Mieux, des non-lieux sont les réponses réservées. Une commission rogatoire a été même exigée par les avocats sur les exactions commises mais n'a pas encore été prise en considération. Vingt et un mois donc après l'assassinat de Guermah Massinissa, dont le gendarme auteur du crime, Mestari, a écopé, lors d'un procès qui s'est déroulé dans le tribunal militaire de Blida il n'y a pas longtemps, d'une peine symbolique, c'est l'impunité totale qui semble régner pour qu'aucune solution à la crise de Kabylie n'apparaisse ou se dessine. Au contraire, le pouvoir ne fait que maintenir le pourrissement, en refusant de juger les assassins des 122 victimes et des centaines de blessés du Printemps noir. “Les non-lieux renseignent sur le traitement peu judiciaire, pour ne pas dire purement politique, réservé aux plaintes des victimes. La justice est là à mystifier la chose judiciaire quand il est question des victimes, et est fatalement absente pour les détenus politiques”, nous dira maître Lila Hadj-Arab à propos de cette affaire. C'est donc la Cour suprême de l'Etat qui a été saisie par le collectif des avocats, comme ultime ressort aux plaintes des blessés et victimes du Printemps noir qui ont essuyé deux fois déjà des non-lieux. Cela se passe au moment où Belaïd Abrika et ses codétenus voient leurs dossiers s'alourdir du jour au lendemain alors qu'ils croupissent dans les geôles, pour le seul tort d'avoir exigé un Etat de droit où l'impunité serait bannie. En détention préventive depuis presque quatre mois, alors qu'aucune demande de liberté provisoire n'a été accordée (sauf dernièrement pour Mohamed Nekkah), malgré la détérioration de leur état de santé et malgré la non-consistance des charges retenues contre eux, ils constituent de véritables otages, leurs dossiers contenant des contradictions sinon des absurdités. Cela ne prouve qu'il s'agit d'une justice à deux vitesses, impunité pour les assassins et prison pour les innocents. K. S.