L'affaire Al-Shorafa, du nom de l'homme d'affaires émirati, accusé d'avoir utilisé son amitié avec le Président Abdelaziz Bouteflika pour tenter d'arracher des marchés en Algérie est mise sur les rails par la justice algérienne. Sur plainte d'Al-Shorafa, le directeur du quotidien Le Matin, qui avait révélé des informations sur les liens entre les deux hommes a été convoqué, hier, au tribunal d'Alger où il a été auditionné par le juge d'instruction, a-t-on appris auprès du responsable de ce journal. M. Benchicou a précisé que la journaliste qui avait rédigé la plupart des articles traitant de cette affaire ainsi qu'un autre journaliste auteur d'un commentaire sur ce sujet ont été également entendus par le juge alors que le rédacteur en chef du journal est convoqué pour les jours à venir. Le groupe Al-Shorafa accuse Le Matin d'avoir livré des informations erronées. Sa plainte repose sur la négation de toute relation entre Al-Shorafa et le Président Bouteflika, et de tout lien avec l'opérateur égyptien Orascom qui aurait arraché la licence d'exploitation d'un réseau de téléphonie mobile en Algérie grâce à un coup de pouce de Bouteflika à la demande de Al-Shorafa, comme l'avait affirmé Le Matin. Al-Shorafa nie aussi avoir écrit ces fameuses lettres publiées par Le Matin dans lesquelles il demande au chef de l'Etat d'intervenir pour accélérer l'octroi de marchés à son groupe en Algérie, selon M. Benchicou. Al-Shorafa accuse également Le Matin de diffamation dans des écrits liés au blanchiment d'argent destiné à des réseaux islamistes. Lors de cette audition, le directeur du Matin a expliqué que toutes les informations publiées par son journal reposent sur “des faits avérés” et qu'“il était prêt à démontrer” le jour du procès qu'il y a bien une relation entre le Président Bouteflika et Al-Shorafa et que c'est sur la base de cette relation que le milliardaire émirati a eu des promesses de marchés ou des marchés en Algérie. Mohamed Benchicou se dit convaincu que si ces projets n'ont pas connu d'exécution c'est parce que les cadres du pays et la législation algérienne ont empêché que la loi soit contournée. “D'après la manière avec laquelle a été menée cette audition, longue et éprouvante, avec la recherche du moindre détail, tout laisse à penser qu'on assistera à un gros procès”, affirme le directeur du Matin. Mohamed Benchicou s'est réjoui que la justice algérienne se soit emparée de grosses affaires liées à un scandale politico-financier mettant en cause de hautes personnalités de l'Etat, sur la base d'investigations menées par la presse. A. C.