Des députés et sénateurs interrogés par Liberté affichent toujours une gêne à l'évocation de ce sujet qui fâche. Ils assurent que la loi a été adoptée à un de ces moments où l'hémicycle est presque entièrement désert. La loi française du 23 février, à l'origine d'une crispation de la relation algéro-française à un moment où sa refondation était pourtant en marche, risque de revenir sur le pupitre des députés qui ne sont pas fiers de cette “œuvre”. Dans certaines de ses dispositions, la loi fait l'apologie de la colonisation. Le texte, on s'en souvient, a été porté à la connaissance de l'opinion publique par le mouvement associatif après son adoption en catimini. Des députés et sénateurs interrogés par Liberté affichent toujours une gêne à l'évocation de ce sujet qui fâche. Ils assurent que la loi a été adoptée à un de ces moments où l'hémicycle est presque entièrement désert. Une maladroite manière de se défausser car en la matière les absents ont tort et ne peuvent pas se donner si facilement bonne conscience. Il y a des moyens de rectifier le tir et les socialistes semblent disposés à le faire. Historiquement, ils portent la responsabilité d'avoir voté les pouvoirs spéciaux au gouvernement de Guy Mollet en 1957, pendant la guerre d'indépendance. Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale française, M. Jean-Marc Ayrault, a affirmé, mardi, que “la France doit regarder en face son passé colonial”. Dans une déclaration à l'agence APS, M. Ayrault, également député-maire de Nantes, a confirmé que son groupe a déposé une proposition d'abrogation “des articles choquants” de la loi du 23 février. “Nous allons mettre au pied du mur” les nostalgiques de “l'Algérie française”, lors de l'examen, dans le cadre d'une niche parlementaire du Parti socialiste, de cette proposition de loi, les 29 novembre et premier décembre prochains, a-t-il indiqué. Estimant qu'il n'appartient “pas aux parlementaires d'écrire l'Histoire”, M. Ayrault a, lui-même, rappelé que les articles de cette loi “sont passés à l'Assemblée un soir, en catimini, inaperçus” et “nous avons été choqués”. Le “petit groupe, qui est à l'origine (de cette loi), doit désormais prendre ses responsabilités”, a-t-il ajouté. “Il est de l'intérêt de la France de regarder en face son Histoire et son passé colonial”, a poursuivi M. Ayrault, soulignant que “le débat parlementaire sur la proposition d'abrogation de l'article 4 de la loi du 23 février 2005 permettra de réparer cette injustice”. “Il est également de l'intérêt de la France et de tous les français de parvenir à un traité d'amitié durable avec l'Algérie”, a-t-il fait valoir. Ce traité semble pour l'instant la victime de la loi. Prévue avant la fin de l'année, sa signature paraît de plus en plus compromise dans les délais. Mais à Paris, des sources officielles interrogées par Liberté affirment qu'il n'est pas du tout remis en cause. “Il sera signé”, assure-t-on. à propos d'une éventuelle repentance de la France pour l'ensemble des crimes coloniaux, comme cela a été réclamé par M. Bouteflika, le député socialiste estime qu'il “y a un devoir de mémoire à entreprendre” et qu'il “y a une idée à creuser” des deux côtés de la Méditerranée pour trouver “la bonne formule de réconciliation”. Le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a récemment proposé la mise en place d'une commission d'historiens algériens et français pour l'écriture de l'Histoire commune aux deux pays qui a commencé par une violente conquête qui a décimé le quart de la population algérienne de l'époque et s'est achevée par une guerre meurtrière. Y. K.