C'est une grande surprise qui n'en est pas vraiment une. AHD 54, petit parti, a remporté l'élection partielle de jeudi en damant le pion au FLN et au RND. Le parti de Faouzi Rebaïne est venu en tête avec 1 016 voix, soit sur les 3 307 suffrages exprimés en s'adjugeant les 4 des 11 sièges en jeu. Il sera talonné par le Rassemblement national démocratique 874 voix, soit 3 sièges, et le FLN avec 477 voix en se contentant de 2 sièges. Les deux sièges restants sont revenus au Mouvement pour la société de la paix (MSP) et l'Union pour la démocratie et les libertés (UDL). Un observateur non averti n'en reviendrait pas, en effet, de cet “exploit” d'un petit parti comme AHD 54 qui a réussi à coiffer au poteau des grosses pointures qui n'ont pas lésiné sur les moyens pour mettre sous leur coupe cette petite commune de l'arrière fond du pays. Mais il n'y a rien de surprenant dans cette victoire pour celui qui est sur le terrain en discutant avec les uns et les autres. La tête de liste de AHD 54, M. Aouissi, un homme très actif a fait un travail de fourmi pendant la campagne et surtout le jour du vote. Connaissant bien les siens, des pauvres pour la majorité, il a présenté un programme plutôt social qu'économique. Son activisme débordant et son appartenance aux archs, le plus puissant de la localité, ont fait le reste. Incontestablement les candidats du FLN, Mohamed Lakhdari, et surtout celui du RND, Lakhdar Allali, n'ont pas démérité. Ils se sont donnés à fond durant toute la campagne électorale. Ce qui s'est matérialisé le jour du vote par un taux de participation très appréciable (60,95%). En effet jeudi, jour du vote, Tadjmout baignait dans une ambiance de fête. Fébrile mais aussi électrique. Dès 8h, les habitants, bravant le froid glacial, n'ont pas cessé de défiler devant les 3 bureaux de vote : 2 à Tadjmout (hommes et femmes) et 1 autre à El-Hadjeb. La veille, c'étaient les nomades qui ont voté. À peine 44 votants sur les 416 inscrits. Dans le bureau hommes, ce sont surtout les vieux qui sont en nombre ; la matinée du moins. Emmitouflés dans leur burnous, ils faisaient même la chaîne pour s'acquitter de leur devoir électoral. “Chez nous, les vieux votent le matin, les jeunes à partir de 10 heures et les femmes l'après-midi”, remarqua un militant du RND. Des voitures sur lesquelles sont accrochées des affiches du candidat de AHD 54 ou appelant à voter pour ce parti, y défilent sans cesse. Ce qui n'a pas manqué de susciter le courroux des militants du RND, mais aussi du MSP et de l'UDL. D'ailleurs, ils ont protesté auprès du chef de daïra. Si dans le centre hommes, tout se passait dans le calme, ce n'est pas le cas de celui des femmes où des échauffourées ont été évitées de justesse. Les militants du RND ont surpris une militante du parti de AHD 54 en train de distribuer de l'argent, 2 000 DA, pour chaque femme qui aurait voté pour son favori. Peu après, c'était autour du FLN d'être accusé de s'adonner à la même pratique. Aussi un grand attroupement s'est formé autour du centre femmes. Heureusement que le chef de daïra et les huit têtes de listes, à l'issue d'une réunion tenue aux environs d'une heure, ont trouvé la parade pour éviter le pire : faire un tour ensemble dans tous les centres et bureaux pour inciter les gens au calme. Ensuite prendre ensemble toujours le repas de midi chez le candidat du FLN et celui du soir chez le candidat du RND. Depuis, tout baignait dans l'huile jusqu'à 19 heures. Au niveau du siège de l'APC, les administrateurs suivaient le scrutin, récoltaient et traitaient les informations. Il en fut ainsi jusqu'à 19 h, moment de la clôture du vote. Les citoyens étaient venus nombreux assister au dépouillement. Le verdict des urnes semble avoir surpris les militants du RND et du FLN et réconforté ceux de AHD 54 qui ont cru à leur chance. Pour M. Bedjaoui, responsable du PT de la wilaya de Laghouat, la participation de son parti obéit à l'objectif d'implanter le parti. Interrogé sur tant d'intérêt pour un scrutin dont l'enjeu ne dépasse pas les limites de Tadjmout, un citoyen rétorque : “Il faut savoir que tout un siège du chef-lieu a été brûlé.” A. C.