Lors de leur conférence de presse, tenue hier à Tizi Ouzou, les délégués de la CADC ont également rappelé l'importance de l'abstention lors du scrutin. Les délégués de la Coordination des archs, daïras et communes de Tizi Ouzou, qui ont tenu un point de presse, hier, à Tizi Ouzou estiment qu'à travers les élections partielles du 24 novembre dernier, et au regard des résultats, “la Kabylie a entamé une nouvelle ère démocratique par l'impulsion d'un processus d'alternance au pouvoir local”. Un processus qu'ils jugent très bénéfique dans la mesure où il incitera dorénavant chaque élu à veiller au respect des obligations de son mandat. Mais, des conclusions que l'on peut tirer de ce scrutin, les organisateurs du point de presse, dont Belaïd Abrika, Mohand Iguetoulène et Mohand Amara, disent qu'il y en a bien d'autres. Pour eux, ces élections ont aussi révélé que la population, qui s'est majoritairement abstenue de s'exprimer, a refusé la normalisation sous toutes ses formes “qu'elle soit par le sentiment ou par l'argent”. De leur avis, “à l'issue de cette élection, il y a également la problématique du déficit dans la représentation institutionnelle qui demeure entière”. “Toutes les forces engagées dans cette élection, malgré la concentration de leurs efforts de campagne en Kabylie, n'ont pu, au final mobiliser que quelque 18% de suffrages de plus que lors du référendum sur la réconciliation nationale, qui a été pourtant largement boycotté”, ont-ils expliqué. Au sujet de cette abstention, les délégués de la CADC, disent qu'ils ne peuvent la revendiquer puisque le mouvement citoyen a laissé le citoyen à son libre arbitre mais restent toutefois convaincus que “la défection de l'électorat vient attester de l'absence d'alternative” bien que, selon Abrika, d'autres facteurs tels que la période de crise traversée par la région depuis 2001, le laps de temps assez court accordé à l'organisation de cette élection et l'insuffisance des moyens mis en place, soient bien pour quelque chose. Poursuivant l'analyse des résultats du scrutin du 24 novembre dernier, les orateurs ont expliqué que “le fait qu'aucune force politique n'a pu émerger avec une majorité absolue ou même confortable de ces élections conduit à conclure à la dissipation de la notion du fief électoral et à la reconfiguration géopolitique de la région avec en prime une percée remarquable des indépendants”. Au sujet de l'avenir du mouvement citoyen maintenant que la population a de véritables représentants, car consacrés par les urnes, Belaïd Abrika dit que “les assemblées populaires en Kabylie, comme partout dans le monde, ont besoin d'une société civile dont notre mouvement fait partie”. Argumentant la volonté des délégués à rester “vivants” politiquement, Abrika ajoutera que “le mouvement citoyen est né dans une période où des assemblées locales existaient alors il n'y a aucune raison pour qu'il disparaisse à présent que de nouvelles assemblées sont installées”. “La mission des élus c'est la gestion de la cité alors que la nôtre c'est la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur et la contribution à l'émancipation citoyenne”, ajoutera-t-il encore. La survie des archs se justifie aussi, selon Abrika, par l'impérieuse nécessité de revoir le code communal qui sera au profit de ces élus. Ceci n'a fait donc, selon Abrika, que renforcer la conviction des délégués à poursuivre le combat entamé en 2001 et aussi le dialogue avec le représentant de l'Etat. Un dialogue qui reprendra dans les jours à venir, selon Abrika, qui a révélé qu'il a tenu récemment deux rencontres avec le Chef du gouvernement Ahmed Ouyahia. Les délégués de la CADC ont conclu leur point de presse en exhortant tous les élus, et ce quelles que soient leurs couleurs politiques, à travailler pour l'intérêt collectif et à privilégier les alliances pour éviter d'éventuels blocages dans les assemblées où aucune force ne dispose de majorité absolue. SAMIR LESLOUS