Bush pense faire remonter sa cote de popularité en caressant son électorat dans le sens du poil dans le domaine de l'immigration avec de nouvelles mesures devant verrouiller les frontières américaines. Bush s'est dit déterminé à lutter contre l'immigration illégale, tout en soutenant un projet de légalisation temporaire d'immigrés clandestins pour répondre aux besoins d'un patronat qui l'a toujours soutenu. Seuls les Mexicains seraient encore tolérés puisque l'annonce du verrouillage des frontières a été faite à Tucson, dans l'Arizona, à une heure de voiture de la frontière américano-mexicaine. Bush, qui a fait de la réforme de l'immigration l'un des grands chantiers de son second mandat, ne cache plus sa décision d'augmenter les reconduites à la frontière, qui seront mieux gardées. Plus d'un millier de garde-frontières supplémentaires seront recrutés, des drones (avions sans pilotes) seront utilisés pour le ratissage des zones frontalières, qui seront équipées de caméras infrarouges, et de nouvelles barrières seront construites dans les endroits les plus exposés au passage des clandestins. Son plan est soutenu par une partie de son électorat, la caricature de l'Américain moyen, conventionnel et patriote à l'excès, mais rejeté par certains conservateurs traditionnels, notamment des élus des régions frontalières avec le Mexique, qui rejettent le statut légal temporaire prévu par Bush pour les dizaines de milliers de clandestins employés dans des métiers que les Américains refusent : agriculture, jardinage, construction et entretien. Des milliers de latinos entrent chaque année illégalement aux Etats-Unis au péril de leur vie, attirés par le rêve américain. Parallèlement, se créent des milices privées qui patrouillent près des frontières mexicaines pour essayer d'arrêter “l'invasion hispanique”, qui se traduit par l'expansion de la langue hispanique dans la vie quotidienne américaine. Selon une étude du Congrès, un travailleur sur sept aux Etats-Unis est immigré, et près de 40% d'entre eux viennent du Mexique et d'Amérique centrale. Le nombre d'immigrés clandestins est, pour sa part, estimé entre huit et douze millions. Bush, avant sa réélection, n'avait pas hésité à chanter les bienfaits de l'immigration qui a construit l'Amérique, captant les voix de la communauté latino. Mais, depuis, le ressentiment a augmenté au sein de cette base électorale, qui s'est rendu compte de son utilisation comme chair à canon en Irak. D. Bouatta