Le représentant de Bagdad à l'Onu, dont le cousin a été tué en Irak, lors d'une opération des marines, exige une enquête, réfutant les explications de Washington. Tout porte à penser que le courant entre les autorités irakiennes et l'occupant américain n'est plus aussi fluide que ne le ressassent Bush, Rumsfeld et mme Rice. Pour ce fonctionnaire, qui ne fonctionne pas en atome libre, ce crime est une trahison au projet de bâtir un Irak libre et respectueux des droits de l'homme et les Etats-Unis devraient en supporter les conséquences. À ses yeux, la donne risque de changer dès lors que la désillusion a fini par gagner même les irakiens qui ont investi les américains de leur confiance et qui s'efforcent d'éradiquer le terrorisme. Le coup de gueule de ce porte-parole du régime de Bagdad intervient au moment où l'administration bushienne déploie une grande campagne de communication pour essayer de dissiper les interrogations sur sa stratégie en Amérique où des voix républicaines marquent leur désapprobation quant à la sortie de la guerre prônée par le courant ultraconservateur en place dans la Maison-Blanche. La formule de Bush, selon laquelle son action internationale est dictée par la lutte antiterroriste qu'il mène depuis les attentats du 11 septembre, n'est plus opérationnelle. Son électorat souhaite un désengagement rapide du bourbier irakien, ne prenant plus pour argent comptant l'engagement de Bush de rappeler les GI's immédiatement, lorsque les conditions seront réunies. Les médias les plus influents aux Etats-Unis n'arrêtent pas de s'interroger sur les sacrifices consentis. Dos au mur, Bush promet qu'au fur et à mesure les Irakiens s'assumeront, les américains se retirerons mais, d'ici là, il demande à ses concitoyens de rester unis, déterminés et fermes dans sa nouvelle mission de promouvoir la démocratie partout dans le monde. Plus de 1 700 soldats américains ont trouvé la mort en Irak et l'opposition à la démarche de Bush grandit de jour en jour, y compris dans le Sénat où son candidat au poste de représentant à l'Onu n'est toujours pas agréé. Les sorties de Bush ont laissé la classe politique sur sa faim et ont peu de chances d'avoir réellement ressoudé l'opinion sur l'Irak. Le public a boudé son intervention sur ce dossier, moins de 20 millions de téléspectateurs ont suivi son discours ! Bush doit faire face à une nouvelle controverse à propos de l'état de préparation des forces de sécurité irakiennes, appelées à remplacer les GI's. Le sénateur républicain John McCain a évalué les forces opérationnelles entre 30 000 et 40 000, jugeant ce nombre insuffisant quand les Etats-Unis déploient toujours en Irak 135 000 soldats. D. Bouatta