Lors d'une séance houleuse du Conseil de sécurité des Nations unies, mardi soir, les ambassadeurs algérien et américain ne se sont pas mis d'accord au sujet d'un communiqué sur le conflit israélo-palestinien. John Bolton, le représentant des Etats-Unis à l'ONU, a reproché à l'Algérie d'avoir fait échouer son projet de texte présentant des condoléances aux Israéliens et faisant référence aux Syriens et au jihad islamique. Soucieux de préserver l'équilibre dans le traitement du dossier du Proche-Orient, l'ambassadeur de l'Algérie aux Nations unies a refusé d'endosser une déclaration présentée au Conseil de sécurité par les Américains. Celle-ci exprimait la compassion profonde et les condoléances de l'organe exécutif de l'ONU aux Israéliens après l'attentat-suicide de Netanya, qui avait fait cinq morts et des dizaines de blessés. Cette prise de position de l'ambassadeur d'Algérie a irrité au plus haut point son homologue américain. En effet, ne cachant pas sa déception, John Bolton a affirmé à la presse que le texte défendu par Washington ne pourrait pas être adopté en raison du refus algérien d'une référence à la Syrie et au jihad islamique, l'organisation intégriste palestinienne basée à Damas qui a revendiqué l'attentat. “Nous n'allons pas simplement accepter de diluer les communiqués du Conseil de sécurité, en omettant de nommer les personnes responsables, dans ce cas précis, d'attentats terroristes”, a déclaré le diplomate US. Défendant sa position sur la question, Abdallah Baâli, l'ambassadeur de l'Algérie à l'ONU, a répondu que : “Nous devons avoir une approche équilibrée de la tragédie du Moyen-Orient et pas seulement nous concentrer sur les pertes en vies humaines israéliennes quand il y a des Palestiniens, des gens innocents, qui perdent aussi la vie.” Plus explicite, il ajoutera : “Si nous ne le faisons pas, nous donnerons l'impression que les vies palestiniennes sont moins importantes que les vies israéliennes. Nous devons nous assurer que la réaction du conseil reste crédible.” Rejetant ces explications, John Bolton lira aux journalistes le contenu de son communiqué, qui exprime “la compassion profonde et les condoléances du Conseil de sécurité au peuple et au gouvernement d'Israël, aux victimes et à leur famille”. Il dénonce également “tous les actes de terrorisme”, et demande à toutes les parties de “faire preuve de retenue, d'éviter l'escalade de la violence et de maintenir ouvertes les voies de communication”. Cette déclaration aurait, selon le représentant américain aux Nations unies, si elle avait été adoptée, appelle “le gouvernement syrien à agir immédiatement pour fermer les bureaux du jihad islamique et empêcher l'utilisation de son territoire par des groupes armés engagés dans des actes terroristes”. Ainsi, fidèle à sa position de principe d'un soutien sans équivoque au peuple palestinien dans sa lutte de libération, l'Algérie a refusé que l'on continue encore à privilégier Israël dans le traitement du conflit du Proche-Orient. K. ABDELKAMEL