Les Etats-Unis ont opposé leur veto samedi à une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu condamnant un raid israélien qui a causé la mort de 19 civils palestiniens dans la bande de Ghaza et réclamant un retrait rapide de Tsahal de la région. Neuf des quinze membres du Conseil de sécurité ont voté pour la résolution et quatre se sont abstenus: Grande-Bretagne, Danemark, Japon et Slovaquie. Il s'agissait du second veto opposé par le représentant permanent des Etats-Unis au Conseil de sécurité, John Bolton, depuis qu'il est arrivé au siège de l'Onu, en août 2005. Le gouvernement palestinien, dominé par le Hamas, a estimé que ce veto prouvait que Washington soutenait l'action d'Israël. Il "indique que les Etats-Unis ont légitimé les massacres et donné le feu vert (à Israël) pour (...) perpétrer d'autres massacres", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Ghazi Ahmad. Mais la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a rétorqué que ce texte - soutenu par des pays arabo-musulmans et les Etats non-alignés, et présenté par le Qatar - servait "des intérêts politiques partisans" et comprenait une accusation non étayée selon laquelle Israël aurait violé le droit international. "Nous ne pensons pas que cette résolution visait à contribuer à la cause de la paix", a-t-elle déclaré dans un communiqué. Le précédent veto de Bolton, le 13 juillet 2006, portait sur une résolution condamnant une précédente incursion israélienne dans la bande de Ghaza. Les Etats-Unis ont utilisé 82 fois leur droit de veto aux Nations unies en 61 ans, et ce sont eux qui ont formulé neuf des 10 derniers vetos, dont sept portaient sur le conflit israélo-palestinien. Le projet de résolution demandait à l'Autorité palestinienne de prendre "des mesures immédiates et soutenues pour mettre fin à la violence, y compris aux tirs de roquettes sur le territoire israélien". Il exhortait la communauté internationale à prendre des mesures pour stabiliser la situation, relancer le processus de paix au Proche-Orient et envisager "la possible mise en place d'un mécanisme international" pour la protection des civils. Le texte condamnait les opérations militaires israéliennes dans la bande de Ghaza et demandait à l'Etat juif de retirer toutes ses troupes de la bande de Ghaza et de mettre fin à ses opérations dans tous les territoires palestiniens. Bolton a dit que Washington regrettait les pertes de vies à Beït Hanoun, mais qu'il était "dérangé par la formulation de la résolution, qui en de nombreux endroits était de parti pris contre Israël, avec des a priori politiques". Le représentant américain a estimé la proposition de mise en place d'un mécanisme de protection des civils susciterait de faux espoirs et il s'est dit troublé par le fait que le mot "terrorisme" ne soit pas mentionné, pas plus que le gouvernement palestinien dirigé par le Hamas, qui refuse de reconnaître le droit d'Israël à l'existence ou de renoncer à la violence. L'observateur palestinien à l'Onu, Riyad Mansour, a dit que la réunion, dimanche au Caire, des ministres arabes des Affaires étrangères déciderait des mesures à prendre après le rejet de la résolution. Une possibilité serait de la soumettre aux 192 membres de l'Assemblée générale, où les Etats-Unis ne disposent pas du droit de veto. Le veto américain a adressé un mauvais message aux extrémistes tant israéliens que palestiniens, a dit Mansour à des journalistes. Les gouvernements qui se sont abstenus ont expliqué qu'ils ne pouvaient approuver le texte, qu'ils jugent déséquilibré. Pour sa part le SG de la Ligue arabe M. Amr Moussa a déclaré que les pays arabes n'accepteront pas une coexistence avec Israël en l'absence d'une paix juste et équilibrée, a souligné le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Dans une allocution prononcée, samedi au Caire, lors des travaux de la conférence sur la non-prolifération des armes nucléaires dans la région en présence de chercheurs de 45 pays, M. Moussa a indiqué que "l'idée que l'on se fait d'un monde arabe faible disposé à accepter n'importe quelle solution est inadmissible".