La situation demeure tendue quarante-huit heures après les évènements tragiques qui ont marqué l'université d'Oran Es-Senia à la suite d'un accident mortel d'un étudiant qui a chuté du haut d'une terrasse. Hier, les étudiants ont de nouveau barré la route menant vers l'accès de la résidence universitaire des 1 000-Lits où a eu lieu l'accident dont a été victime le jeune Abdelaziz Ghanem. D'autres étudiants des facultés de l'université d'Es-Senia ont rejoint le mouvement de protestation déclenché jeudi dernier par les résidents universitaires de la cité des 1 000-Lits. Des étudiants de la faculté de bibliothéconomie sont venus grossir les rangs de leurs camarades contestataires. Les résidents de la cité universitaire C3, solidaires de leurs camarades, ont également répondu à l'appel du mouvement de protestation qui a pris de l'ampleur avec l'arrestation de trente étudiants. Ce chiffre est passé à 47 étudiants avec l'arrestation de 17 autres étudiants qui ont été présentés, hier, devant le procureur de la République près le tribunal d'Es-Senia. Selon un responsable du mouvement de protestation, les étudiants appréhendés pour “attroupement et outrage aux forces de l'ordre public”, ont été traduits devant la justice parce qu'ils “revendiquaient un droit élémentaire”. Devant le siège du tribunal d'Es-Senia, des étudiants et des proches des 47 étudiants appréhendés se sont rassemblés dans le calme. Mais au niveau du siège de la cité des 1 000-Lits, la tension était perceptible sur les visages des étudiants qui exigeaient la présence des responsables et autorités locales. “Tout cela ne serait pas arrivé si les gestionnaires des cités universitaires faisaient correctement leur travail. Au lieu de cela, c'est par le mépris qu'ils répondent à nos revendications”, s'insurgent des étudiants rencontrés sur place. À la cité universitaire des 1 000-Lits, les étudiants, qui ont bloqué les portes de l'administration, ont appelé leurs camarades à protester dans “le calme par respect à la mémoire de Abdelaziz Ghanem”. La chute mortelle de l'étudiant en 2e année de l'Enset, jeudi dernier, a fait boule de neige ce qui a provoqué des troubles durant une bonne partie de la nuit de jeudi à vendredi. Au niveau des cités universitaires des 1 000-Lits et C3, les représentants du mouvement de protestation campent sur leur position, rejetant la responsabilité de la mort de leur camarade sur le “laxisme et la mauvaise gestion des œuvres sociales”. Signe que la situation reste tendue, “aucun responsable n'est venu s'enquérir de la situation qui risque de déraper à tout moment”, nous indiquent des étudiants qui barrent la route à proximité de l'académie universitaire. “Nous attendons depuis ce matin (hier, ndlr) l'arrivée des responsables de la direction des œuvres sociales et de la directrice de la cité des 1 000-Lits. Nous ne nous contenterons plus des promesses comme les autres fois”, affirment des étudiants protestataires. Ce n'est que vers 13h que le chef de daïra d'Oran a rencontré les représentants des étudiants et leur a promis que l'essentiel de leurs problèmes sociopédagogiques sera résolu. À l'heure où nous mettons sous presse, le procès des 47 étudiants déférés devant le tribunal ne s'est pas encore achevé. B. GHRISSI