Si le nombre de lits répond aux besoins des étudiants, il reste que les chambres universitaires sont mal entretenues. Vivre dans une cité universitaire quand on est étudiant, c'est vivre véritablement un cauchemar, un calvaire. Qui parmi les étudiants n'a pas eu à se plaindre du problème des conditions d'hébergement dans les cités, du transport, de la restauration, des difficultés pour étudier dans des chambres exiguës, dans des cités dépourvues de bibliothèque, avec des problèmes d'eau, etc. Autant de contraintes vécues au quotidien et qui usent nerveusement et physiquement ces étudiants. Oran ne déroge pas à la règle. Bien que depuis deux années, les responsables des œuvres universitaires se soient félicités de n'avoir plus de déficit en matière d'hébergement des étudiants et donc de n'avoir plus la contrainte et la pression de la gestion des flux, il n'en demeure pas moins que la situation n'est pas pour autant reluisante ou satisfaisante. L'année passée, la direction des œuvres universitaires d' Oran avait vu son accès bloqué à maintes reprises par des étudiants manifestant et réclamant une amélioration de leurs conditions d'hébergement. Et cette année encore, les responsables ont du mal à parler des œuvres universitaires autrement qu'en termes de “lits disponibles”. D'ailleurs, le président de la commission de préparation de la rentrée universitaire 2008/2009, qui est en même temps le directeur des œuvres universitaires d'Oran est, affirme sans ambages : “À Oran, pour les deux directions des œuvres universitaires est et ouest, nous avons un excédent de places de plus de 450 lits.” Et de poursuivre la litanie des chiffres en guise de référence : “Les deux directions des œuvres universitaires totalisent pour la wilaya 14 résidences universitaires, la direction ouest-Es Senia a 4 cités de garçons et 3 pour les filles, à l'est, ce sont 3 cités de garçons et 4 pour les filles. Cette année, nous avons enregistré 4 929 dossiers, alors que la capacité théorique est de 5 378 places en résidences, donc vous voyez, nous n'aurons pas de problèmes. Les lits excédentaires sont généralement prévus pour les inscriptions des retardataires, d'autant plus que cette année encore les instructions ont été fermes pour ce qui est des cas de transferts généralement importants, ne seront acceptés que les transferts faits dans le cadre de la conférence régionale des universités.” En plus de cela, la wilaya d' Oran escompte bien pouvoir réceptionner au moins une résidence de 1 000 lits au niveau du nouveau pôle universitaire. Là aussi, c'est l'optimisme qui est de rigueur. Pourtant, le taux d'avancement des travaux est à peine supérieur à 70% alors que les équipements ne sont pas encore installés. Qui plus est, de nombreux problèmes et réserves ont été soulevés à maintes reprises quant à la qualité des travaux justement menés au niveau de ce pôle universitaire. Cette question de la qualité des travaux, et par extension du problème de l'entretien, reste récurrente à Oran où nombre de résidences universitaires sont dans un état déplorable. La saleté sur les murs des couloirs, des chambres, dans les salles est choquante ; sanitaires impraticables, douches cassées, portes des chambres défoncées, problèmes d'électricité, d'étanchéité, mobiliers saccagés, système d'évacuations des eaux usées défectueux, etc. Telle est souvent l'image de nombre de résidences. Des représentants des travailleurs de résidences ont, pour toutes ces questions, souhaité justement que les pouvoirs publics aillent vers la réalisation de cités universitaires plus humanisées : “Vous savez, le directeur d'une résidence doit être à cheval pour tous les problèmes, mais aujourd'hui l'effort doit impérativement se porter sur la qualité des œuvres universitaires, améliorer en urgence la restauration, régler les problèmes d'électricité, d'eau, les étudiants sont contraints de s'approvisionner en eau avec des jerrycans à l'extérieur. Il faut aussi créer pour les étudiants un cadre de vie à l'intérieur des résidences, il faut qu'ils puissent y étudier, avoir des bibliothèques, des espaces internet, créer des animations culturelles, etc. Un campus tel que cela est conçu à l'étranger. C'est en fait maintenant le défi. Par le passé, les gestionnaires avaient l'alibi de la pression du nombre d'étudiants, aujourd'hui c'est fini, cette gestion doit s'améliorer et aller vers le qualitatif dans les prestations.”, estiment les représentants des travailleurs. Pour les gestionnaires que nous avons rencontrés, cette qualité de prestation ne peut se faire qu'avec la disponibilité certes des moyens financiers, le budget approximatif de la DOU d'Es Senia est de l'ordre de 50 milliards de centimes. Mais aussi en disposant d'un personnel compétent et en nombre suffisant. Or, depuis plusieurs années, la politique de délestage et surtout de dépermanisation pèse sur les œuvres universitaires. À chaque départ en retraite d'un employé, le poste n'est pas pourvu, sauf par le recrutement de vacataires et qui souvent ne conviennent pas ou ne restent pas. Des étudiantes qui sont en session de rattrapage ont été, elles, unanimes à soulever les problèmes de sécurité, du transport et des conditions d'hygiène dans les résidences, sans parler des nombreux cas de tuberculose recensés dans les cités universitaires d'Oran. Et pour ce qui est du transport, la mise en place de navettes en fonction des heures de cours sont un point des plus sensibles. Le président de la commission de la rentrée universitaire s'est engagé sur cette question en annonçant la mise en place d'un plan de transport suburbain avant de préciser que cette année les finances de la plupart des résidences d'Oran ont été assainies, sauf pour certains cas dans le chapitre du transport. C'est après le 4 octobre et l'arrivée massive des étudiants qu'apparaîtront au grand jour les conditions réelles d'hébergement de cette rentrée 2008 /2009. D. L.