Ne nous leurrons pas : l'un des fondamentaux de la valeur du dinar sur les deux marchés reste le comportement de l'euro face au dollar US sur les marchés de change internationaux. La valeur de la monnaie unique a chuté sur le marché parallèle. Une bourse de la devise considérée comme la traduction la plus fidèle de la valeur réelle du dinar. L'écart entre les taux du marché parallèle et du marché officiel s'est donc rétréci. La monnaie nationale s'est, en un mot, appréciée sous l'effet conjugué d'une somme de facteurs dont des déterminants qui échappent à l'Etat : le comportement des importateurs et des Algériens résidant en France. Sans qu'on y prenne garde, l'interdiction d'importation de véhicules de moins de trois ans a fini par assécher l'offre des euros sur le marché parallèle. Mais ne nous leurrons pas : l'un des fondamentaux de la valeur du dinar sur les deux marchés reste le comportement de l'euro face au dollar US sur les marchés de change internationaux. Si la monnaie nationale a retrouvé ses jours-ci ses moustaches, il s'agit d'une évolution conjoncturelle et non structurelle. En termes de visibilité, le marché parallèle de la devise survivra pour une bonne période. Car les foyers de son extinction n'ont pas encore vu le jour : une politique agressive des pouvoirs publics pour drainer l'épargne émigrée, des incitatifs en direction de la population algérienne résidant en Europe pour qu'elle injecte ses euros dans les canaux officiels, par exemple la vente du foncier à des prix intéressants, en contrepartie de versements en monnaie européenne ; une plus grande diversification de notre commerce extérieur, ciblant de façon plus accrue les marchés asiatiques. L'assainissement des circuits de l'importation, une plus grande flexibilité bancaire, face aux besoins en devises des professionnels du négoce et des producteurs, contribueraient, du reste, à réduire la demande de l'euro sur le marché parallèle. En attendant, le pouvoir d'achat du dinar reste faible. Une conséquence du plan d'ajustement dicté par le FMI dans les années 90. Les revenus des citoyens resteront ainsi modestes, tant que la diversification de l'économie n'est pas boostée. En clair, on continuera à verser des salaires de misère. C'est d'ailleurs vu d'un bon œil par nos gouvernants. Cet avantage compétitif, soutiennent-ils, constitue un incitatif à l'investissement étranger. La meilleure réponse à ces égarements du discours officiel reste la revendication constante d'une amélioration du pouvoir d'achat des travailleurs, tout en appelant à une plus grande productivité et une plus grande solidité de l'économie nationale. K. R.