Selon un réjouissant sondage effectué par l'hebdomadaire Marianne (n°450, semaine du 4 au 10 décembre 2005), 70% des professions libérales et cadres, 69% des diplômés, 67% des étudiants, 66% des bac+ 2 ou plus désapprouvent la frénésie provocatrice de Nicolas Sarkozy et lui préfèrent, en cas de face-à-face aux présidentielles de 2007, très largement, l'actuel Premier ministre gaulliste, Dominique de Villepin. Autant s'en réjouir sans barguigner, la France intelligente n'a aucune intention de “karchériser” la “racaille” des banlieues. Pas plus qu'elle ne supporte que, dans un mouvement plus cohérent qu'il n'y paraît, les partisans du ministre français de l'Intérieur, en rangs serrés et bientôt, au train où vont les choses, les bras tendus vers le “Kaiser de Neuilly”, n'en viennent à “sanctifier” les enfumades ordonnées par le général de Saint-Arnaud, les massacres de Sétif, la torture à l'échelle industrielle et à trouver des vertus civilisatrices à la sinistre besogne des hordes colonialistes. Cette pseudo “face lumineuse” du colonialisme, destinée à être enseignée dans les manuels scolaires, n'est pas qu'une sombre plaisanterie franchouillarde. Elle puise son corps et sa cohérence dans une tradition fascisante en regain d'échos. Ses principaux mentors, pour la plupart issus des groupuscules d'extrême droite qui firent florès à la fin des années 1960 et au début des années 1970, font le dos rond et avancent masqués. Que leurs idées soient sous-traitées par un homme censé, lui, être au-dessus de tout soupçon, n'est pas sans déplaire au ban et à l'arrière-ban des nostalgiques de l'aventure coloniale et du pétainisme décomplexé.