Le patron de l'organisation syndicale a demandé aux travailleurs de se tenir prêts pour réussir la grève générale dont la date n'a pas été fixée. “Nous irons à la grève générale”, a tranché net, hier, le patron de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd. Cette décision, rendue publique hier à l'occasion d'un regroupement régional des cadres syndicaux des wilayas du Centre (Alger, Boumerdès, Blida, Tizi Ouzou, Médéa, Bouira et Tipasa) à la Maison du peuple, a recueilli l'adhésion de l'ensemble des unions de wilaya que compte l'UGTA à travers le territoire national, a affirmé le secrétaire général de l'organisation syndicale. Ce dernier, qui n'a pas eu de mal à convaincre la très nombreuse assistance présente dans la salle qui s'est avérée d'ailleurs trop exiguë pour la contenir, fonde son argumentaire sur l'état d'“humiliation” que vivent les travailleurs, ainsi que sur la politique de privatisation menée par le gouvernement. Il y a sérieusement lieu, selon les propos de Sidi Saïd, de “se poser des questions sur ce processus de réformes économiques”. De son avis, “il y a une stratégie arrêtée pour mener le tissu économique national à sa perte et son effondrement total et humilier de la façon la plus abjecte le travailleur algérien”. Son argument : les hommes du Président ont opté pour une “privatisation sauvage et anarchique dont les répercussions seront essentiellement ressenties par les travailleurs”. Pour Sidi Saïd, la préservation des entreprises est une question relevant de “la souveraineté nationale”. “Nous ne pouvons pas être complices d'une démarche qui peut mettre à genoux tout un tissu économique et par ricochet tout le pays”, dira-t-il. Il citera à titre d'exemple de “la tentative de bradage des richesses nationales” l'adoption en Conseil des ministres le mois dernier de l'avant-projet de loi sur les zones franches, alors qu'il “n'y a pas eu de mise à niveau des entreprises nationales privées ou publiques”. Car, dira-t-il, “vous ramenez n'importe qu'elle entreprise étrangère chez nous, nos entreprises seront étouffées en 24 heures et des centaines de milliers de travailleurs risquent de se retrouver, du jour au lendemain, au chômage”. L'autre exemple cité par le patron de la Centrale syndicale est le projet AADL qui, “au lieu d'être confié à des entreprises algériennes, via un appel d'offres national, s'est fait par des appels d'offres internationaux pour favoriser les sociétés étrangères”. Cette démarche, dira Sidi Saïd, est “incompréhensible”. Il soulignera qu'au “moment où ils disent vouloir relancer le bâtiment, grand pourvoyeur d'emplois pour les milliers d'Algériens au chômage, ils privilégient des entreprises étrangères et marginalisent les sociétés algériennes”. Sur ce point, le patron de la Centrale syndicale s'indigne du fait que l'argument mis en avant par les pouvoirs publics est que “les Algériens ne savent pas travailler”. Aussi, la Centrale syndicale s'est également positionnée par rapport au statut de la Fonction publique établi par le gouvernement. Dans sa déclaration finale, elle se positionne clairement contre “toute velléité d'ériger une Fonction publique à deux vitesses, l'une pour les fonctionnaires permanisés et l'autre pour les contractuels et les vacataires ne jouissant d'aucun droit, sinon celui d'être révoqués et licenciés à tout moment”. Le patron de l'organisation syndicale a demandé aux travailleurs de se tenir prêts pour réussir la grève générale dont la date n'a pas été fixée. Une réunion de la CEN est programmée à cet effet, nous dira un membre de la direction de l'UGTA. N. M.