Le patron de l'UGTA a profité de la présence de personnalités ayant assumé par le passé des responsabilités syndicales pour parler le “langage du cœur”. Le patron de l'UGTA a joué, hier, la carte de la vérité à l'ouverture des travaux de la commission exécutive de la fédération des retraités. “Aujourd'hui, j'ai décidé de dire toutes les vérités pour amorcer les solutions aux problèmes”, a déclaré Abdelmadjid Sidi-Saïd, précisant que ses “confessions” interviennent à la veille de son 57e anniversaire. “Je me confesse devant mes aînés qui sont à l'origine de la naissance de l'UGTA”, a encore soutenu l'orateur avant de déballer le linge sale. Sidi-Saïd a reconnu publiquement qu'il n'a pas “assumé totalement (ses) responsabilités syndicales”, tout en se demandant si “le fardeau” que les syndicalistes ont mis sur son dos n'était pas “trop lourd” pour lui. “Peut-être que je n'ai pas su me rapprocher de ceux qui doivent me conseiller”, a-t-il, en outre, indiqué, rappelant néanmoins l'autre face du tableau, celle “d'essayer chaque jour d'être à la hauteur de la conviction syndicale” qu'il a en lui et “de conduire le grand bateau UGTA convenablement, en lui évitant le maximum d'écueils et de vagues”. Le leader syndical n'a pas plaidé coupable parce que, a-t-il dit, “j'ai cherché des équilibres qui ne me mettent pas en position de trahison par rapport au mouvement syndical et aux familles”, “je ne suis pas une poule mouillée syndicale”, a-t-il encore affirmé, estimant avoir choisi le chemin le plus dur, parfois celui de pompier, en tenant compte d'un “rapport de force donné”. Selon lui, il est aisé d'appeler à la grève, mais “si la démarche est un échec”, c'est à lui seul de “rendre compte aux travailleurs et à leur famille”. “Entre la folie syndicale et la rationnalité syndicale, j'ai choisi la rationnalité”, a révélé Sidi-Saïd, rappelant “avoir réussi à régler récemment dans la discrétion absolue” le problème des 47 000 travailleurs impayés. Faisant allusion à certains scandales qui ont éclaté ces derniers temps, l'affaire Badaoui et les dysfonctionnements organiques, le patron de la Centrale syndicale a admis que le mal se trouve à l'intérieur de l'organisation. Pour preuve, il a cité notamment les cas “des structures syndicales qui ont leur siège fermé”, du “non-renouvellement des mandats” syndicaux et de “l'absence d'assemblées générales des sections syndicales”. “Je passe plus de 40% de mon temps avec les faux problèmes et les futilités, au lieu de le consacrer aux travailleurs”, s'est-il plaint en laissant clairement entendre que les défaillances de certains cadres syndicaux ne peuvent être comptabilisées dans son registre des “fautes”. Sidi-Saïd a déploré toutes ces “critiques” dirigées contre lui, déclarant que si l'on voulait l'éjecter de l'UGTA, “qu'on le fasse alors de façon organisée”, en conformité avec les statuts de l'organisation syndicale. “L'UGTA doit faire son toilettage à l'intérieur”, a plaidé l'intervenant, en proposant “une étude sur les raisons de la baisse du militantisme au sein de l'UGTA”. Un appel a été lancé à la fédération des retraités pour l'aider à “instaurer la démocratie syndicale” et à donner à l'UGTA une image “relookée”. “Il nous appartient aujourd'hui de prendre l'UGTA en main, de lui redonner le souffle nécessaire pour la pérenniser”, a souligné Sidi-Saïd. H. AMEYAR