La Centrale syndicale radicalise ses positions et use d'un ton peu amène dès qu'il s'est agi d'évoquer les principales options politiques du régime. “Aujourd'hui, le temps est arrivé de choisir son camp au plan politique et de ne plus tergiverser”, a déclaré, hier, tout de go le patron de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, lors d'un point de presse qu'il a animé à la Maison du peuple (Alger), à l'issue du regroupement régional des cadres syndicaux du centre. Dans ce cadre, il a affirmé sur un ton qui ne souffre d'aucune ambiguïté : “Nous assumons pleinement nos responsabilités et nous avons choisi notre camp. C'est le camp de la démocratie, d'une République moderne et de progrès.” Cette déclaration sonne comme un refus franc et tranché, opposé par l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) à la démarche menée par le Président Bouteflika par rapport aux questions nationales d'importance. C'est le cas de la réconciliation nationale et des velléités de prorogation de la loi sur la concorde civile. Sur ces deux questions, Sidi Saïd n'a pas usé de détours pour s'y opposer fermement. Selon lui, “il n'est pas question de céder le pays à ceux qui ont assassiné et violé”. “Nous affirmons notre soutien sans faille à l'Armée Nationale Populaire, à l'ensemble des corps de sécurité, des résistants et des groupes de légitime défense et à tous les Algériens qui ont résisté des années durant pendant que d'autres se pavanaient à l'étranger.” Et d'appeler “à faire de la lutte antiterroriste et intégriste, la priorité pour chaque citoyen soucieux de voir sa patrie avoir raison de ce danger”. Abordant en second lieu la gravissime situation prévalant en Kabylie, le leader syndical a exhorté les plus hautes autorités du pays à trouver “dans l'urgence une solution à la crise” car, commentera-t-il, “il n'est plus question que les choses restent en l'état dans cette région”. S'agissant des réformes structurelles (de l'éducation, de la justice, des structures et missions de l'Etat, des hôpitaux) annoncées en grande pompe par le président de la République, Sidi Saïd s'est dit très déçu par le fait qu'elles n'ont pas trouvé leur application sur le terrain. En outre, le patron de la Centrale syndicale affirme sur un ton des plus solennels que son organisation “s'engage à défendre les fondements d'une République démocratique, moderne et de progrès”. S'il est tout à fait normal qu'il y ait une escalade du discours contestataire de la part d'une organisation syndicale sur une question aussi cruciale que celle des privatisations, ce repositionnement qui a tout l'air d'être stratégique au vu du ton utilisé par le patron de la Centrale syndicale coïncide avec une conjoncture politique précise : celle précédant de peu la présidentielle 2004. Il s'apparente en tous cas, selon les commentaires intra-muros à un refus du soutien du Président pour un second mandat. N. M. Ce qu'il faut retenir de la déclaration -Le refus du concept de tout privatiser. -L'adoption d'une stratégie économique en vue de préserver l'entreprise algérienne face à la concurrence déloyale et les velléités de sa déstabilisation. -La revendication auprès des pouvoirs publics à l'encouragement et la promotion de la production nationale. -La nécessité d'une évaluation sans complaisance des réformes conduites jusqu'à ce jour et leurs conséquences négatives sur la vie sociale et le fonctionnement des entreprises. -Le rejet du projet de loi sur les hydrocarbures et confirmation de son retrait.