Le travail de coulisses mené la veille n'a pas permis la décantation, tant les ambitions pour occuper le poste au sein de cet organique étaient nombreuses. La Commission exécutive nationale (CEN) de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), issue du XXIe congrès national, a fini par tenir sa première réunion, après un retard de près de 4 mois. Cette session, consacrée à l'élection du nouveau secrétariat national de l'UGTA, a rassemblé, hier, à l'hôtel Safir (ex-Aletti, Alger) quelque 263 membres, dont 15 femmes syndicalistes, 5 représentants des retraités, 48 secrétaires généraux des unions de wilaya, 30 secrétaires généraux de fédération et le représentant de la future commission des jeunes. 9h30. Lors de l'ouverture des travaux, le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, paraissait un peu fatigué. Selon certaines indiscrétions, un travail de coulisses a été mené la veille, jusqu'à une heure tardive de la nuit, mais il n'a pas pu aboutir à un consensus autour de la liste de candidatures de la nouvelle direction nationale. D'où la décision de laisser la liste ouverte des candidatures et de procéder à un vote à bulletin secret. Dans son allocution, M. Sidi-Saïd a appelé les membres de la CEN à élire les 12 membres du secrétariat national sur des bases de “fraternité”, de “sagesse” et de “démocratie”, sans cesser de rappeler que “la responsabilité est lourde”. Il a clairement laissé entendre qu'il est du devoir des membres de la commission exécutive de choisir “une équipe solidaire à la tête de l'UGTA, capable de relever les défis à venir et de contribuer au processus de développement du pays”. Le patron de l'UGTA a prié, dans ce cadre, l'assistance à “laisser de côté les calculs personnels et les règlements de compte” et à “placer les intérêts des travailleurs et de l'UGTA au-dessus de toute considération”. “Ma mission en tant que syndicaliste est de rassembler les gens tous les jours et non pas les diviser, parce que l'UGTA appartient à tous les travailleurs”, a-t-il déclaré, en ajoutant plus loin : “Aidez-moi, allégez mes épaules.” Le secrétaire général du syndicat a, en outre, estimé qu'il est du devoir de tous de faire de ce jour “un jour de fête et non pas un jour de blessures”, en restant avant tout “des syndicalistes”. Il a également souligné que la première session de la CEN est “capitale” et qu'elle doit être sanctionnée par l'élection d'un secrétariat national “dont la composante sera capable de consolider les acquis des travailleurs et de faire de l'UGTA une organisation respectable et respectée”. Cela, d'autant que l'organisation syndicale est face à “des défis économiques et sociaux”. “Soyez à la hauteur de la réputation dont jouit l'UGTA au niveau national et international”, a-t-il encore indiqué, avant de proposer les membres de la commission de candidatures. Celle-ci a été approuvée majoritairement à main levée. Vers 12h, le nombre de candidatures au poste de secrétaire national de l'UGTA a dépassé la soixantaine. Parmi les candidats figuraient le nom de deux femmes, l'une d'Alger et l'autre de Tlemcen. Deux heures plus tard, juste avant la reprise des travaux, deux groupes distincts se sont formés au niveau du restaurant de l'hôtel Safir, dont l'un conduit publiquement par le SN sortant chargé de l'organique, et néanmoins secrétaire général de l'union de wilaya d'Alger, Salah Djenouhat (militant RND). Quant à l'autre groupe, il serait semble-t-il, composé des partisans de Ali Merabet, un ancien SN de l'UGTA, actuellement membre de la CEN et également député FLN. Il y a lieu de noter que pendant les heures, des membres de la CEN ont commenté la séance d'ouverture, ainsi que “la crise” née à la fin mars 2008, pendant et après le dernier congrès national de l'UGTA, en gardant souvent l'anonymat. Certains se sont référés aux nouveaux statuts, précisément à la création du poste de secrétaire général adjoint qui a, d'après eux, “ouvert la porte aux ambitions démesurées”, ainsi qu'à “une bataille sourde et longue”. Pour nos interlocuteurs, les choses ont repris “leur cours normal lorsque M. Sidi-Saïd est enfin parvenu à évacuer ce problème”. D'autres, en revanche, ont parlé des “interférences politiques”, principalement du parti FLN et du RND. Selon eux, outre le fameux poste de SG adjoint, “l'autre enjeu est celui de l'organique”. De son côté, la présidente de la commission des femmes travailleuses, Mme Soumia Salhi, a affirmé que le congrès, qui s'est déroulé du 28 au 31 mars dernier à Alger, “a révélé au grand jour des dérives”. Par “dérives”, la syndicaliste y a remarqué “le clientélisme” et “la pénétration du monde des affaires dans l'organisation”. “Aujourd'hui, nous sommes devant deux choix : soit revenir à la défense des travailleurs, comme l'a d'ailleurs déclaré Sidi-Saïd, soit continuer sur le chemin des dérives”, a-t-elle soutenu. Cette dernière a aussi déploré l'état des “mentalités” au sein de l'UGTA qui, selon elle, fait encore “dans la symbolique” concernant la représentation féminine. 14h20. Abdelmadjid Sidi-Saïd, entouré des membres de la commission électorale, a annoncé de sa tribune le départ du jeu. Il a cependant tenu à faire le point de la situation, rappelant que seules 26 candidatures sont maintenues, le reste des candidats s'est retiré de la course, dont les deux femmes syndicalistes. “Il faut voter pour les 4 régions”, a signalé le SG de l'UGTA aux membres de la CEN, en informant que 3 postes seront réservés à la région centre (auquel s'ajouterait celui d'office du secrétaire général de l'UGTA), 3 autres postes à la région ouest, 4 postes à la région est et enfin 2 postes à la région sud. H. Ameyar